La postérité de l'œuvre de Dioscoride jusqu'au VIe siècle : remèdes, fraudes et succédanés
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The present work takes a closer look at the tradition of Dioscorides' botanical and pharmacological works during the first six centuries of our era. After some general remarks about the special problems that await the student of ancient texts dealing with pharmacology or botany, mainly that of identifying plant species mentioned by ancient writers (chap. 1), we study the context of Dioscorides' writing: who was Dioscorides? What works did he write? Among other questions, we give arguments for supporting the opinion that he is the author of the treatise about simple medicines, that goes under his name (chap. 2). We also take a look at the internal structure of de materia medica (chap. 3). Furthermore, we study the problem of adulterations and substitute medicines in Dioscorides' time and in his work (chap. 4). All these preparatory discussions enable us to understand the way Dioscorides was read by later writers, first those of his own century (chap. 5), then by Galen, whose huge and complex work in the realm of pharmacology, needed closer scrutiny: we consider that galen's pharmacology is built with the help of Dioscorides' legacy, but also as a reaction against it (chap. 6 and 7). The main witness of Dioscorides'transmission, after Galen, is the herbarius dioscorideus, in other terms the lost archetype of two well-known illustrated manuscripts (chap. 8). The way it carefully chooses to reproduce only some of Dioscorides chapters shows that its "author" had an eye for what we may call the accessibility of remedies, the euporia (chap. 9). This tendency is also exemplified by a group of later texts dealing with euporista and substitute medicines (chap. 10). Dioscorides, by then a classic of materia medica, is also at the root of that whole growth in pseudepigraphic literature. Through the transmission of his work, we can follow the history of a science; a pre-science or a pseudo-science maybe, but a scientific literature in its own right.
Abstract FR:
La présente étude porte sur la tradition de l'œuvre botanique et pharmacologique de Dioscoride, l'auteur du De materia medica, au cours des six premiers siècles de notre ère. Apres des remarques de méthode sur les problèmes particuliers qu'offre l'interprétation des textes anciens dans ce domaine, en particulier pour l'identification des espèces végétales citées (chap. 1), nous étudions le contexte de la composition de l'œuvre : qui fut Dioscoride, ce qu'il a écrit, etc. ; nous confirmons en particulier qu'il est sans doute bien l'auteur du traité des remèdes simples que l'on connait sous son nom (2) ; nous étudions ensuite la structure interne du De materia medica (3). Le problème des fraudes sur les remèdes et des succédanés, enfin, chez Dioscoride et ses contemporains, retient notre attention (4). Ces travaux préliminaires nous permettent de mieux comprendre la réception de l'œuvre, d'abord chez les médecins du 1er siècle (5), puis chez Galien, dont l'œuvre complexe mérite qu'on s'y attarde ; nous pensons que la pharmacologie de Galien (qui s'intéressait aussi au problème des fraudes) s'est construite à la fois avec l'appui de l'acquis dioscoridien et en réaction contre lui (6 et 7). Le principal témoin de la transmission dioscoridienne, après Galien, est l'herbarius dioscorideus, archétype perdu de deux célèbres manuscrits illustrés (8). La sélection qui y est opérée, à l'intérieur du corpus des notices dioscoridiennes, montre que son "auteur" était attentif à ce qu'on peut appeler l'accessibilité des remèdes, l'euporia (9). Cette tendance est également illustrée par un groupe de textes tardifs qui traitent des euporista et des succédanés (10). Dioscoride, devenu un classique de la matière médicale, est aussi à la racine de ce développement d'une littérature pseudépigraphe. A travers la transmission de son œuvre, nous voyons se dessiner l'histoire d'une science ; prescience ou pseudoscience, peut-être ; littérature scientifique, certainement (11).