Les espaces créateurs dans "À la recherche du temps perdu"
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Considering the fact that Proust connects writing to a type of take-off, this thesis studies creativeness under the point of view of various spatial experiments. Three facts establish the support. The first one concerns the spatial dimension of the discovery of a vocation : for the narrator, the later is revealed following the recollection of memories brought by a blunt motion of the body in the surrounding space. The second one regards the specific condition in which the artist finds himself at the time of producing his work, a condition defined by a "privilege of exterritoriality". The third fact is linked to the basis itself of writing, which rests on metaphorical spatial dynamics : the translation of the sensation into a "spiritual equivalent". The thesis shows how the creative process synthesizes three spaces - physical, psychical and poetical - which are different by nature, by semantics and by fonction, but which are all convergent in the work. In this perspective, the first part analyses the relationship of the narrator with the external space, which is marked by innermost recesses in and out of oneself, autarchic enclosure and opening up to the external world. The second part approaches the part played by journeys, as well as all others means of moving out of one's element such as dreams and "immigration" of places. The third part explores the incidence of the spatial circumstance on the experience of the text and shows the reversibility of physical and poetical spaces. It ends on the idea that the ~ spatial model for writing is neither hermeneutic or metaphorical but impressionable, and is the result of the transposition of life experiences into words.
Abstract FR:
Partant du fait que Proust associe la naissance de l'écriture à un décollage, la thèse étudie la création sous l'angle de l'espace et des diverses expériences spatiales. Trois constats servent de point d'appui. Le premier concerne la spatialisation de la découverte de la vocation : pour le narrateur, celle-ci se révèle à la suite de souvenirs suscités par un mouvement brusque du corps dans l'espace. Le second constat touche à la condition spécifique dans laquelle se trouve l'artiste au moment de produire l'œuvre, une condition qui est définie en termes spatiaux et par un « privilège d'exterritorialité ». Le troisième constat est lié au principe même de l'écriture, qui repose sur une dynamique spatiale métaphorique : la conversion de la sensation en « équivalent spirituel ». La thèse montre comment, dans la Recherche, le processus créateur synthétise trois espaces - physique, psychique et poétique -qui sont différents de nature, de sémantique et de fonction, mais qui convergent tous dans l'œuvre. Dans cette perspective, la première partie analyse les rapports du narrateur à l'espace extérieur, qui sont marqués par le repli et le dépli, la clôture autarcique et l'ouverture au monde. La deuxième partie aborde le rôle des voyages, ainsi que des autres moyens de dépaysement tels que les rêves et l'« immigration » des lieux. La troisième partie explore les incidences de la circonstance spatiale sur l'expérience du texte, lu et écrit, et montre la réversibilité de l'espace physique et de l'espace poétique. Elle conclut sur l'idée que le modèle spatial de l'écriture n'est ni herméneutique ni métaphorique mais sensible, et qu'il découle de la transposition du vécu en mots.