thesis

Statuts et fonctions de la référence épique en France depuis la Seconde Guerre mondiale

Defense date:

Jan. 1, 2008

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Institution:

Toulouse 2

Disciplines:

Abstract EN:

Properly speaking, epics have not been written in France for two centuries, but the genre continues to influence contemporary literature. In particular, the “double image” of the epic as the Romantic thinkers construed it still informs both the reinterpretation of classical epics and the contemporary novel. On the one hand, it legitimizes the present by condemning the epic to the past, but without ceasing to perpetrate it as a universal monument. The works of numerous philologists such as Georges Dumézil or Madeleine Biardeau bear witness to this disparity. For their part, translators of epic literature such as Philippe Jaccottet or Pierre Klossowski criticize in diverse ways the philological paradigm and its paradoxes. On the other hand, the romantics invented an epic register which tries to retain the essence of the epic as a genre, transferring it to the novel. However, the texts of Jean Giono, Julien Gracq and Claude Simon indicate that this “epic style” inherits the difficulties of the epic genre itself when it comes to the modern age, even calling into question the modern understanding of literature. Finally, modern adaptations seem to constitute an alternative to the modern paradigm of the epic. However, in France they are often limited to simple rewriting and thus remain faithful to the idealized conception of the epic as a universal utterance (Jean-Claude Carrière). As far as the genres of fantasy and “space opera” are concerned, their narrative rewriting of “the myth of the death of epic” serves their own aim of self-legitimization; their specificity is therefore constructed in the very terms of modern literature that they re-appropriate and put into question.

Abstract FR:

En France, on n'écrit plus d'épopée depuis deux siècles – celle-ci n'en constitue pas moins un objet structurant, quoique problématique, pour les pratiques littéraires contemporaines. Plus précisément, la double image de l'épopée qui se trouve fondée par les romantiques informe à la fois les reprises des épopées du passé et nombre d'écritures romanesques. D'une part, il s'agit de légitimer le présent en cantonnant l'épopée à un contexte disparu mais sans cesser de la perpétuer comme monument universel. De cette tension témoignent les travaux de philologues comme Georges Dumézil ou Madeleine Biardeau sur le Mahabharata ; traducteurs d'épopées, Philippe Jaccottet et Pierre Klossowski critiquent quant à eux ce paradigme philologique et manifestent, diversement, ses apories. D'autre part, les romantiques inventent le registre épique, qui sauve l'essence de l'épopée en la transférant dans le roman : en réalité, les textes de Jean Giono, Julien Gracq et Claude Simon indiquent que l'épique hérite pour une bonne part des difficultés de l'épopée dans la modernité et qu'il met même en crise les définitions que cette dernière propose du littéraire. Finalement, l'adaptation semble bien constituer une alternative au paradigme moderne ; or, en France, elle reste souvent cantonnée à la réécriture et s'inféode ainsi à l'autorité d'une épopée fantasmée comme parole universelle (Jean-Claude Carrière). Quant à la littérature de genre, fantasy et space opera, elle propose aujourd'hui la fable réflexive de sa propre légitimation en réécrivant le « mythe de la mort de l'épopée » : sa spécificité se construit alors dans les termes mêmes du littéraire moderne qu'elle reprend pour les interroger.