Jean Giono la dialectique du "dedans" et du "dehors", du "centre" et de "l'entour" : l'imaginaire de la concentration et de l'expansion
Institution:
Aix-Marseille 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Pas de résumé disponible.
Abstract FR:
Giono est à la fois " l'homme de l'espace ", comme le dit R. Ricatte dans sa préface aux éditions de la Pléiade (I, p. X), et, réplique en écho M. Neveux, " l'homme du dedans " (Jean Giono ou Le bonheur d'écrire, p. 135). Cette relation entre le dedans et le dehors (Gaston Bachelard, La Poétique de l'espace), entre l'intériorité et l'extériorité (Georges Poulet, Les Métamorphoses du cercle) constitue la clef de voûte de l'imaginaire gionien. Elle donne en effet naissance, d'un bout de l'œuvre à l'autre, de la Trilogie de Pan à L'Iris de Suse, à une multitude d'images spatiales et matérielles, de rêveries dynamiques et narratives, toutes liées à la figure archétypiale du centre : dans les rêveries de l'accord entre l'homme et le monde, que l'écrivain développe essentiellement dans ses ouvrages d'avant-guerre - aussi bien dans les 'essais' que dans la plupart des romans -, et qui relèvent en partie d'une vision astrobiologique, l'homme est au centre de l'univers, le microcosme humain est solidaire du macrocosme naturel, comme le moyeu de la roue ; dans les rêveries de l'impossible accord, qui caractérisent les œuvres d'après-guerre, l'homme n'est plus qu'égocentré, et le héros gionien, quant à lui, apparaît comme un être solitaire, en quête de sa propre centralité. A ce désaccord fondamental, seul l'art, en tant qu'artifice, semble pouvoir remédier. Mais, par-delà les différentes 'manières' gioniennes, par-delà la diversité des thèmes abordés, des styles adoptés, des techniques narratives employées, une même imagination travaille l'œuvre de part en part, celle de la concentration et de l'expansion. C'est à partir de ces deux schèmes fondamentaux, qui constituent, selon l'expression de Gilbert Durand, le " squelette dynamique de l'imagination " de Giono, (Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 61), que sont 'inventés' la plupart des personnages de ses romans, aussi bien leur caractère que leur destin.