thesis

Le rire et les larmes dans la littérature grecque, d'Homère à Platon

Defense date:

Jan. 1, 1987

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The Greeks very early remarked that laughter and tears are often antithetical manifestations of the same emotional state. The present dissertation studies them both through three complementary analyses, based on the study of texts from Homer to Plato, and tries to underline literary trends. The first part deals with individual and social behaviour. Of course, laughter and tears are shown, in Greek texts, to be provoked by individual physical emotions (bodily pain, fear, surprise), but, above all, the hero sheds tears when he is deprived of his social reputation and of his honours, and it is in order to deprive him of his status that the group laughs at him. However, this special and most important characteristic of Greek literature should not make us forget that the authors also describe tears and laughter as provoked by love and emotional ties. The 2nd part defines the meaning of the Greek words (dakru cheon, dakru cheitai, dakruo, klaio, stenacho, etc. , gelao, eis gelota piptein, meidao, etc. ) so as to study whether man is described as active or passive and to show that Homeric formulas have an influence on the description of these emotions and give rise to much used images. They create, as well, narrative sequences, which can be found as late as Plato and Xenophon. But there are also new motifs and themes, for instance in Herodotus and in tragedy. We study the most important ones. The 3rd part deals with the legitimacy of tears, the spoudogeloios aner, the debates on the power of speech and on the use of emotions in politics. It also deals with myths of tears and laughter and shows how they explain religious rites (Demeter), or poetic forms (the iambic meter, the Linos song). Other myths are considered: beside the sardonic laughter, we study the myths of niobe, of the heliads, of the pleiads, and three myths (nightingale, alcyo, swan) which serve as literary embellishment. The general conclusion looks forward to the later literature.

Abstract FR:

Les grecs ont remarqué très tôt que le rire et les larmes sont des manifestations antithétiques d'un état émotif qui est souvent le même. La présente thèse les étudie conjointement à travers trois analyses complémentaires fondées sur une étude précise des textes, d'Homère à Platon, et tend à cerner des consensus littéraires. La première partie est consacrée aux émotions individuelles et aux conduites sociales. A cote des surprises de la volonté et de la raison (larmes de la douleur physique et de la peur, rire de l'inattendu), c'est surtout l'importance que l'on attache au statut social qui suscite le rire ou les larmes: le héros pleure quand il est privé de sa time, et c'est pour le priver de cette time que le groupe de ses ennemis rit de lui. Cet aspect caractéristique de la littérature grecque ne doit pourtant pas masquer la part des liens affectifs (rire de séduction et d'accueil, larmes de tendresse et d'amour) ni les notations qui se rapprochent de notre psychologie moderne. La seconde partie s'appuie sur les descriptions sonores et visuelles du rire et des larmes pour préciser le sens et l'emploi des mots grecs, mais aussi pour voir si l'homme est présenté comme actif ou comme passif à l'égard de ses émotions, et montrer comment les vers formulaires homériques ont une influence décisive sur la description et se développent en image souvent reprises dans l'ensemble de la période considérée. Ces vers formulaires créent aussi des séquences narratives qui perdurent jusque chez Platon et Xénophon, à côté de thèmes et de motifs nouveaux dont on examine les plus intéressants (Hérodote, tragédie). La troisième partie est consacrée aux grands débats et aux mythes: débats sur l’homme sensible et le spoudogeloios, sur les pouvoirs de la parole et les nécessités de la politique face aux émotions, mythes étiologiques et rites religieux, rire sardonique, niobe, héliades, pléiades, oiseaux chanteurs des larmes (rossignol, alcyon, cygne). On étudie comment ces mythes servent aussi d'embellissements littéraires, en même temps qu'ils disent la métamorphose de la réaction à une émotion en une émotion éternelle et intemporelle, ou rendent compte de genres littéraires et musicaux (Déméter et l'iambe, le chant de Linos). La conclusion générale étend rapidement la recherche à la littérature postérieure au IVe siècle.