thesis

La querelle de la vertu des païens : l’augustinisme entre interprétations et controverses : François de La Mothe Le Vayer, Antoine Arnauld, Jacques Esprit, François de La Rochefoucauld, Madame de Sablé et Madame de La Fayette (1641-1678)

Defense date:

Nov. 8, 2019

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Institution:

Tours

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Abstract EN:

Is the knowledge of unique God enough to be saved? Or is natural light enough to be virtuous? Theanswer diverges according to doctrines. This divergence had caused many religious quarrels. Begun with Augustin and Pélage, the controversies had continued for centuries. In the 17th century, conflicts had been increasing between the Augustinians and the Jesuits. In this troubled context, the quarrel of Pagans' virtue is triggered.In 1641, François de La Mothe Le Vayer, while approaching the Jesuits, published De la vertu des païens so as to refute the Augustinian doctrine which consists in announcing that "the virtues of Pagans are only vices and their best actions are real sins". To reject this idea, he defended Pagans while praising them and describing their virtues as illustrious. According to him, many Pagans had come to the natural knowledge of a supremely good God. As a result, God, through his grace, incarnated to give salvation to all human beings.To refute the doctrine of La Mothe Le Vayer, Antoine Arnauld wrote De la nécessité de la foi en Jésus Christ pour être sauvé. In his book, he stated that the knowledge of unique God alone was sufficient before the fall of Adam. Since the original sin, fallen and weakened human beings, must not only believe in God but also in Jesus Christ to obtain eternal life. Pagans did not know the Redeemer. Thus, they will all be damned regardless of their virtues because without faith in Jesus Christ, no one can be virtuous and no one can be saved.The quarrel intensified in the middle of the century, while being spread in secular circles. In fact, it led to global debates. While drawing inspiration from this controversy, Jacques Esprit and François de La Rochefoucauld exploited their talent as writers to illustrate Arnauld's position in their works. As for scholar and precious women, Madame de Sablé and Madame de La Fayette tried to moderate the debates and to express a balanced vision between theology and society.However, a problematic arises: what are the issues of the quarrel of Pagans’ virtue? Moreover, how did this quarrel invade the literary and social world throughout the second half of the 17th century?

Abstract FR:

La connaissance d’un Dieu unique suffit-elle pour être sauvé ? Ou la lumière naturelle suffit-elle pour être vertueux ? La réponse diverge en fonction des doctrines. Cette divergence provoque de nombreuses querelles religieuses. Commencées avec Augustin et Pélage, les controverses se poursuivent durant des siècles. Au XVIIe siècle, les conflits s’amplifient encore entre les augustiniens et les jésuites. Dans ce contexte trouble, la querelle à propos de la vertu des païens se déclenche.En 1641, François de La Mothe Le Vayer, tout en se rapprochant des jésuites, publie De la vertu des païens pour réfuter la doctrine augustinienne qui consiste à annoncer que « les vertus des païens ne sont que des vices et leurs meilleures actions que de véritables péchés ». Pour rejeter cette idée, il défend les païens tout en les louant et en qualifiant leurs vertus d’illustres. Selon lui, beaucoup de païens sont parvenus à la connaissance naturelle d’un Dieu souverainement bon. En conséquence, Dieu, par sa miséricorde, s’est incarné pour lui accorder le salut à tous les hommes.Pour réfuter la doctrine de La Mothe Le Vayer, Antoine Arnauld rédige De la nécessité de la foi en Jésus Christ pour être sauvé. Dans son ouvrage, il affirme que la connaissance d’un seul Dieu était suffisante avant la chute d’Adam. Or, depuis le péché originel, l’homme, déchu et affaibli, doit non seulement croire en Dieu mais aussi en Jésus Christ pour obtenir la vie éternelle. Les païens n’ont pas connu le Rédempteur. Ils seront donc tous damnés quelles que soient leurs vertus puisque sans la foi en Jésus Christ, personne ne peut être vertueux et personne ne peut être sauvé.La querelle s’intensifie, au milieu du siècle, tout en se répandant dans des milieux profanes. En effet, elle donne lieu à des débats mondains. S’inspirant de cette controverse, Jacques Esprit et François de La Rochefoucauld exploitent leur talent d’écrivain pour illustrer la position d’Arnauld dans leurs ouvrages. Quant aux femmes savantes et précieuses, Madame de Sablé et Madame de La Fayette, elles tentent de modérer les débats et d’exprimer une vision équilibrée à mi-chemin entre l’univers théologique et l’univers mondain.Pourtant, une problématique s’impose : quels sont les enjeux de la querelle de la vertu des païens ? Et, comment cette querelle investit le monde littéraire et mondain tout au long de la seconde moitié du XVIIe siècle ?