thesis

Mobilités écopoétiques et écritures de la nature : espace et paysage dans la littérature contemporaine en français

Defense date:

Sept. 20, 2016

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Institution:

Toulouse 2

Disciplines:

Abstract EN:

This dissertation reflects on nature writing in French-speaking contemporary literature. Drawing on a corpus of literary texts from Europe (Chevillard, Michon, Mingarelli, Ollier, Réda, Rouaud, Simon, Tesson, Trassard) and the Caribbean (Chamoiseau, Glissant, Maximin), the author examines how awareness of ecological peril determines literary geographies and the representation of space more generally. North-American ecocriticism offers a part of the theoretical framework, but recent findings in European ecopoetics prove to be more suitable to analyse literature in French. The study shows that ecological awareness entails a new worldview that invalidates pre-existing representations of space. Thus, exploring the wilderness does not longer lead the observer to celebrate the sublime landscapes that nature offers him. On the contrary, the encounter with the wilderness tends to be unsuccessful, and if it entails any sublime experience, it is equally a temporary and a fragile one. Likewise, the prehistoric narrative does not longer rely on the literary strategies of the traditional prehistoric novel: rather than to reconstruct a prehistoric time and to show the triumphant arrival of humankind as does the latter, the contemporary narrative conducts in the present an uncertain and troubled investigation regarding the significance of prehistoric human traces. Literary texts thus show the discrepancy between the relativity of human history and the permanence of geological time. They underline the need to reconfigure traditional representations of space and question the central position that humankind attributes to himself. Literature then promotes space as a plastic and mobile entity. The garden more precisely appears to be a motive that reconciles human efforts of planning and managing with the disorderly energy of nature. Contemporary literary aesthetics appear then to be determined by an ecopoetic mobility that signals a new empathy with the world.

Abstract FR:

Cette étude s’interroge sur l’écriture de la nature dans la littérature contemporaine en français. À partir d’un corpus de textes pris dans la littérature européenne (Chevillard, Michon, Mingarelli, Ollier, Réda, Rouaud, Simon, Tesson, Trassard) et antillaise (Chamoiseau, Glissant, Maximin), l’auteur examine comment la menace écologique influe sur la géographie littéraire et plus généralement sur la représentation de l’espace. Le cadre théorique utilisé à cet effet se nourrit, d’une part, de l’écocritique nord-américaine et s’inscrit, d’autre part, dans l’écopoétique, plus à même de rendre compte de la littérature en français. La recherche démontre que la conscience écologique va de pair avec une nouvelle conception du monde qui met à mal les représentations traditionnelles de l’espace. L’exploration de l’espace sauvage ne conduit dès lors pas à une célébration d’un paysage sublime, mais associe les découvertes du voyageur tout au plus à un sublime suspendu, tremblé et par là provisoire. De même, le récit préhistorique ne recourt pas aux stratégies littéraires du roman préhistorique traditionnel. Plutôt que de procéder comme ce dernier à la représentation du temps préhistorique et que de montrer l’arrivée triomphante de l’homme, le récit contemporain se livre, au contraire, à une enquête incertaine autour de la trace humaine dans l’espace. Il apparaît ainsi un décalage entre la relativité de l’histoire humaine et la permanence du temps géologique. La littérature met en avant la nécessaire reconfiguration des représentations traditionnelles de l’espace et remet en cause la place centrale que l’homme s’attribue. Il s’agit pour les textes de montrer en quoi la géographie apparaît comme une entité plastique et mobile, comme en témoigne par exemple le motif du jardin qui réconcilie les efforts d’aménagement de l’homme et l’énergie désordonnée de la nature. L’esthétique contemporaine relève alors d’une mobilité écopoétique en signe d'une nouvelle empathie avec le monde.