thesis

Pour une lecture de l'oeuvre de Christine Angot

Defense date:

Jan. 1, 2012

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Institution:

Nantes

Disciplines:

Abstract EN:

Starting from the publication of L’Inceste in 1999, a work that propelled Christine Angot on the front of the French literary scene, most of the criticism rests on the conviction of a coincidence between the ego of the author and the I of the textual space. Rather than symptomatic of a regressive, narcissistic and exhibitionist withdrawal, the angotien I is not the subject of the text: it is free and impersonal, responding only to rules of literature. In this perspective the incest with the father, continually rehashed by the narrator, ceases to be a testimony from its author, but it’s a figure, an allegory: a symbol of erasing all symbolic boundaries (sexual, racial, cultural differences), it raises questions about the notion of identity, as well as power relations within a couple and in the society. From the outside, politics enters the intimate space created on the page. Revealing the mechanisms underlying the real world, Angot’s speech is an act, an action fighter and engagé through the use of coarse, violent, subversive language, which undermines the dominant codes and standards. Through this minor language​​, strong oral and anchored in the present, Angot upsets the balance and the standards in which we are all accustomed: it is a social gaze whose goal is to remove any discharge, leading to a form of language excluded, always in danger of being rejected by readers.

Abstract FR:

À partir notamment de la publication de L’Inceste en 1999, ouvrage qui a propulsé Christine Angot sur le devant de la scène littéraire française, la plupart de la critique repose sur la conviction d’une coïncidence entre le moi de l’auteur et le je qui vit dans l’espace textuel. Par contre, plutôt que symptomatique d’un repli sur soi régressif, narcissique et exhibitionniste, le je angotien n’est pas la matière du texte ; libre et impersonnel, il ne répond qu’aux règles de la littérature. Dans cette perspective, l’inceste vécu avec le père, ressassé continuellement par la narratrice, cesse d’être une expérience qui vaudrait comme témoignage de l’auteur. L’inceste s’avère être une figure, une allégorie, le symbole de l’effacement de toutes les limites symboliques (et notamment des différences sexuelles, raciales et culturelles), permettant de s’interroger sur la notion d’identité, sur les rapports de force et de pouvoir au sein d’un couple comme à l’intérieur de la société. Le politique pénètre dans l’espace intime créé sur la page. En dévoilant les mécanismes réels sur lesquels repose le monde, la parole angotienne se fait acte militant, action combattante et engagée, recourant à un langage cru, violent, subversif, qui met à mal les codes et les règles dominantes. À travers cette langue mineure, orale, fortement ancrée dans le présent, Angot bouleverse les équilibres et les normes auxquels on est tous accoutumés : son regard social, dans le but de supprimer tout refoulement, court continuellement le risque de provoquer un rejet de la part des lecteurs, qui dérangés, troublés, sont contraints à s’interroger sur eux-mêmes, et sur la place qu’ils ont choisi d’occuper dans les relations humaines.