Aux racines de l'écologie : un nouveau sentiment de la nature chez les écrivains français du 19e siècle
Institution:
Paris 3Disciplines:
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Abstract EN:
In the 19th century, the industrial Revolution and the spectacular development of science, technology and transportation (railway) modified in depth the connections between Man and nature. In the French literature, a new feeling of Nature took shape, which carried in it the germs of three founding ecologies : ecology of the science of the living, ecology of landscapes and political ecology. After Rousseau, the writers made up a “naturalistic lyricism” around the sensitive re-discovery of forests, plants and animals, exploring thus a new ethics of the living (Michelet, Sand, Reclus, Maeterlinck). They launched the landscape of the “sublime” fashion (mountains and seas) and fed the myth of wild Nature, answering the American poets (Thoreau, Muir). They sketched out a poetic geography they meant to protect: “law of the sea”, “artistic reservations” in Fontainebleau, national park according to Robida, etc. The pre-ecological feeling confronted the ideology of progress (Verne, Saint-Simonism) and with the pessimism of the realistic and naturalist writers of the second half of the 19th century (Flaubert, Goncourt, Maupassant) ; but it re-appeared through the criticism of Modernity: sites denaturated by tourism (Töpffer, Champfleury, Daudet), bewitching cities (Baudelaire, Huysmans, Verhaeren), alienating mechanisation (Zola, Lafargue), social misery (Hugo), miasmas and waste (Taine). The literary questioned the future of the industrial and capitalist societies: are they on the way towards a new alliance with Nature or a large-scale disaster (Rosny, La Mort de la Terre), as a punishment of promethean pride?
Abstract FR:
Au 19e siècle, la Révolution industrielle et l'essor spectaculaire des sciences, des techniques et des transports (chemin de fer) modifient en profondeur les rapports entre les hommes et la nature. Dans la littérature française, se dessine un nouveau sentiment de la nature qui porte en lui les germes des trois écologies fondatrices : écologie des sciences du vivant, écologie du paysage et écologie politique. À la suite de Rousseau, les écrivains inventent un « lyrisme naturaliste » autour de la redécouverte sensible des forêts, des plantes et des animaux, explorant ainsi une nouvelle éthique du vivant (Michelet, Sand, Reclus, Maeterlinck). Ils lancent la mode des paysages du « sublime » (montagnes et mers) et alimentent le mythe de la nature sauvage, en écho aux poètes américains (Thoreau, Muir). Ils esquissent une géographie poétique qu'ils entendent protéger : « droit de la mer », « réserves artistiques » à Fontainebleau, parcs naturels selon Robida, etc. Le sentiment pré-écologique se confronte à l'idéologie du progrès (Verne, saint-simonisme) et au pessimisme des écrivains réalistes et naturalistes de la seconde moitié du 19e siècle (Flaubert, Goncourt, Maupassant) ; mais il resurgit à travers la critique de la modernité : sites dénaturés par le tourisme (Töpffer, Champfleury, Daudet), villes ensorcelantes (Baudelaire, Huysmans, Verhaeren), machinisme aliénant (Zola, Lafargue), misère sociale (Hugo), miasmes et déchets (Taine). Les prospectives littéraires interrogent l'avenir des sociétés industrielles et capitalistes : sont-elles en route vers une nouvelle alliance avec la nature ou vers une catastrophe de grande ampleur (Rosny, La Mort de la Terre), châtiment de l'orgueil prométhéen ?