thesis

"L'écriture génocidaire" : antisémitisme, en style et en discours, de l'Affaire Dreyfus au 11 septembre 2001

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Can we speak of an antisemitic style ? beginning with this question, this thesis will examine, describe and analyze the linguistic forms employed by antisemitism in France, from the Dreyfus affair - considered the episteme of this discourse and its successive mutations -, through the time of September 11. The first part will observe, through literary and critical works of the Belle Epoque, ideological and stylistic phenomena that culminate in the development of an antisemitic style whose constitutive elements reflect a range of political traditions - traditions which instrumentalized antisemitism each in their own right. The " genius " of Celine, the most talented example of this style, lies partly in bringing together and homogenizing the diverse elements of antisemitic doxa, perfecting in the pamphlets a kind of " genocidal writing ", and serving as a model for the "purely " antisemitic writing that will be taken up subsequently by the final solution. The second part begins shortly after the close of the World War II and describes the processes leading up to the development of two new types of anti-jewish discourse: negationsism and " anti-zionism " ; discourses generated out of two radically opposed political currents. Over time, these two discursive trends are synthesized in the " rouge-brun " movement, in which " metisse " identity combines both the signifiers of Celinien style and the discursive processes of negationism, the " anti-zionist " discourse of the left. Elements of this discourse will then be exported to the Arab world in the 1990s, where they are integrated into yet another new genocidal propaganda.

Abstract FR:

Y a-t-il un style antisémite ? Partant de cette question, la thèse présentée observera, décrira, et analysera les formes langagières que prend, en France, l'antisémitisme à partir de l'affaire Dreyfus - considérée comme l'épistémè de son évolution - , et ses mutations successives, jusqu'à l'événement du 11 septembre 2001. Une première partie s'intéressera, à travers des œuvres littéraires et critiques écrites durant la Belle Epoque, à l'observation des phénomènes idéologiques et stylistiques aboutissant à la constitution d'un style à vocation antisémite dont les composantes renvoient à différentes traditions politiques - traditions qui ont chacune instrumentalisé l'antisémitisme en leur temps. Céline, le dépositaire le plus talentueux de ce style, dont le génie consiste aussi à rassembler et homogénéiser les composantes éparses de l'antisémitisme doxique ou doctrinal, parvient, notamment dans ses pamphlets, à créer une " écriture génocidaire ", le modèle d'une écriture " purement " antisémite qui sera repris ensuite par les partisans de la Solution finale. Notre seconde partie, qui commence au lendemain de la seconde guerre mondiale, décrira les procédés qui ont conduit à l'avènement de deux nouveaux discours antijuifs, le négationnisme et " l'antisionisme ", issus de pensées politiques radicalement opposées. Au fil des décennies, ces deux discours finiront par être synthétisés autour de la mouvance " rouge-brun ", une identité métisse qui rassemble aussi bien les dénoteurs du style célinien que les procédés discursifs du négationnisme, ou la matrice gauchisante de " l'antisionisme ". Les éléments de ce discours seront ensuite exportés, dans la dernière décennie du siècle, vers le monde arabe, où ils seront intégrés à une nouvelle propagande génocidaire.