L'art du récit historique dans les monographies de Salluste
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work deals with Latin historian Sallust and his both monographs, which are Catilinae bellum and Bellum iugurthinum. The author tries to show that the literary form elaborated by the writer allows him to continue such political activities but also take part in some reflexions about his time and its confusions. At first, the most important features of Sallust’s style and such typical narrative components are described (prologue, narrative passages, discourses, digressions) with a view to show that Sallust’s choices correspond to his positions towards some traditions of historiography: the writer follows the way that Thucydides had marked and claims his intention to write an account which would be founded on intelligence and rationality. Afterwards, the paper points to the structure of both Sallust’s works and the principal ways of his build-up. It seems that Sallust’s method consists in transforming his narrative into demonstration associated with a dramatical treatment of events. Principles of causality are especially examined, so that narrative leads to a reflexion about the psychology of important men in the history. An analysis of political values, which have assured the harmony in Rome during several centuries, is elaborated according to events. This harmony allows observing the real civil wars and crisis origins which had weakened Rome in the first century b. C. Since men are submissive to passions and corruption, the order in the city is transformed into ambitions of some people and these seem to be more important than the whole community. The author comes to the conclusion that the art of account brings out Sallust’s pessimism showing in the perfect way the instability of his time. However, it proves that republic principles are irremediably ruined; from now on, will be dominated by an only individual.
Abstract FR:
Notre travail examine les deux monographies de l'historien latin Salluste, La conjuration de Catilina et La guerre de Jugurtha, pour montrer que la forme littéraire élaborée par l'écrivain lui permet de poursuivre une activité politique et de participer à la réflexion sur son époque et les troubles qui la marquent. Dans une première partie, nous caractérisons les grands traits de son style et les diverses composantes du récit sallustien (prologue, passages narratifs, discours au style direct, digressions) pour montrer que les choix faits par Salluste sont des prises de position par rapport à certaines traditions de l'historiographie : en suivant la voie tracée par Thucydide, il revendique son intention d'écrire un récit fondé sur l'intelligence et la rationalité. La deuxième phase de notre étude porte sur la structure des deux ouvrages et les principaux procédés de mise en scène, où il apparait que la méthode de Salluste consiste à faire de son récit une démonstration associée à un traitement dramatique des évènements. L'accent est mis sur les principes de causalité, si bien que le récit donne lieu à une réflexion sur la psychologie des grands hommes dans le cours de l'histoire. A partir des évènements racontes est élaborée une analyse des valeurs politiques qui ont assuré la concorde de Rome pendant plusieurs siècles, à travers laquelle l'historien saisit les origines profondes de la crise et des guerres civiles qui affaiblissent Rome au premier siècle avant notre ère : puisque les hommes se sont soumis aux passions et à la corruption, la cité est déchirée par des luttes d'ambition qui font passer les intérêts des individus avant le bien de la communauté. L'art du récit met en relief le pessimisme de Salluste qui donne un reflet fidèle de l'instabilité de son époque, en montrant que les principes de la république sont irrémédiablement détruits et que Rome est condamnée à être dominée par un individu unique.