thesis

Loaisel de Tréogate, entre Rousseau et Chateaubriand

Defense date:

Jan. 1, 1996

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Institution:

Brest

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Loaisel de Tréogate's novels, published between 1776 and 1803, forgotten at the end of the eighteenth century, take part in the vast sensitive stream, vivified by Rousseau, which leads Loaisel to the pastoral, to gothic novel, and to the counter-point to licentious novel. He emphazies a pure and tragical action, and moved towards excessive melodrama. In his masterpiece, Dolbreuse, Loaisel tries to draw conclusion to the Enlightenment which bring his heros towards materialism and atheism. To escape them, the novelist invents and amourous "phlogistic", transcending matter, time and death : Dolbreuse burns his wife's corpse to melt body and spirit into the flame of love, into God and nature, in amystical and sacrilegious ceremonial, stamping the failure of reason. Only women, genuine angels of fire, are thus regenerated, the heros live a cycle of springs and falls, on the verge of suicide, in an already romantic spleen, but violent and wild. The cyclothymia can be read in the whole work and creates enchanting lights and infernal shadows, conveying regeneration through love or the hell of human nature. The world of the novels is invaded by graves, knells, voices from beyond the tumb, betraying obsessions, close to the author's life, where lyrical rhetoric, prophetical anathemas, romantic delirium echo. However a clear-sighted novelist calls to a new aesthetic which he elaborates in scenic landscapes, signs of the moods of the heroes, drawing a wild and primitive nature, sketching melancholic country sides, scattered with ruins and humble brooks, gothic castles, leading the way to the romantic landscapes. Loaisel also proceeds towards the supernatural, the sacred, fatherland, towards a citisen-hero, already revolutionary.

Abstract FR:

Les romans de Loaisel de Tréogate, parus entre 1776 et 1803, oubliés dès la fin du XVIIIe siècle, s'inscrivent dans le vaste courant sensible, vivifié par Rousseau, qui amène Loaisel à la pastorale, au roman noir, et en contre-point au roman libertin. Il privilégie une action épurée et tragique, puis évolue vers une surcharge mélodramatique. Dans son chef-d'oeuvre, Dolbreuse, Loaisel tente de tirer un bilan des Lumières qui amènent ses héros vers le matérialisme et l'athéisme. Pour y échapper, le romancier invente une phlogistique amoureuse, transcendant matière, temps et mort : Dolbreuse brûle le cadavre de sa femme pour fondre corps et esprit dans la flamme de l'amour, dans Dieu et dans la nature, en une cérémonie mystique et sacrilège, signant la faillite de la raison. Seules, les femmes, véritables anges du feu, sont ainsi régénérées, les héros vivent un cycle d'élans et de retombées, au bord du suicide, en un mal du siècle déjà romantique, mais violent et sauvage. Cette cyclothymie se lit dans toute l'oeuvre et suscite un monde de lumières féériques, et d'ombre infernales, traduisant la régénération par l'amour ou l'enfer de la nature humaine. L'univers romanesque se peuple de tombeaux, de glas, de voix d'outre-tombe, livre des obsessions, rappelant la vie de l'auteur, où retentissent une rhétorique lyrique, des anathèmes prophétiques, un délire romantique. Toutefois un romancier lucide en appelle à une esthétique nouvelle qu'il élabore dans des paysages-état d'âme, dessinant une nature sauvage et primitive, esquissant des paysages mélancoliques, parsemés de ruines et d'humbles ruisseaux, de châteaux gothiques, ouvrant la voie aux paysages romantiques. Loaisel s'achemine aussi vers le surnaturel, le sacré, un "génie du christianisme", un génie de la patrie, vers un héros-citoyen déjà révolutionnaire.