Satura tota nostra. Les Satires d'Horace et la comédie grecque : Etude de stylistique comparée
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Quintilian (X, 1, 93) thinks the satire was created by the Romans. Yet, according to Horace, the origin of his outspokenness can easily be traced to the old comedy and the mime, and the new comedy, especially Menander's, has proven to be an inspiration as regards sermo. Those various references raise questions. Why does Horace praise outspokenness in an unfavourable cultural, judicial and historic context ? Why does he choose Greek patterns, though he do homage to Terence several times in the Satires ? How can he accord Terence's stataria and the truculence of the old comedy and the mime ? the urbaine form of the sermo and the outspokenness ? The bound between Horace and Maecenas, a cliens and his patronus, can account for those contradictions. Octavius claims to have restored the republican freedom. The libertas is the core of his programme and of his propaganda against Antonius and Sextus Pompeius. Maecenas is Octavius' right-hand man. By praising outspokenness and by jeering himself namely, the satirist serves Octavius' purpose. But Octavius also claims to be Rome's pacificator and he disapproves of the outspokenness when its threatens cival peace. To echo, Horace disapproves of Lucilius' one-sided satire, going for the archaia, whose political aspect he can easily overlook. His jeers are solely confined to the reputedly private context of recitatio or sermo with his readers, and he overlooks what the publication entails. His jeers seemingly deal with moral issues, the political aspects of which remain understated. The new comedy enables him to help bring back morals in Rome as instigated by Octavius. Yet he associates it to free mime or characters for whom Plautus shows leniency. He cites Menander so as not to admit he prefers Terence's moral comedies. His satires thus maintain a proper freedom of speech, he is not considered as an enemy of freedom or an obvious propagandist. The flow of comical genres enables him to reconcile contradictory aspects of Octavius'programme.
Abstract FR:
Quintilien (X, 1, 93) considère la satire comme une création purement latine. Dans Les Satires, Horace prétend pourtant devoir son franc-parler à la comédie ancienne et au mime, et son goût pour une langue quotidienne à la comédie nouvelle, en particulier à celle de Ménandre. Ces différentes références posent questions. Pourquoi Horace fait-il l'éloge du franc-parler dans un contexte culturel, juridique et historique qui le réprouve ? Pourquoi choisit-il des modèles grecs, alors qu'il rend plusieurs fois hommage à Térence dans son recueil ? Comment entend-il concilier la stataria de Térence et la truculence de la comédie ancienne et du mime ? le bon ton du sermo et le franc-parler ? Ces contradictions s'éclairent à la lumière des relations clientélaires d'Horace et de Mécène, bras droit d'Octave. Octave se veut le restaurateur de la liberté républicaine. La libertas se trouve au cœur de son programme et de sa propagande contre Antoine et Sextus Pompée. En louant le franc-parler de l'ancienne comédie et en usant lui-même d'attaques nominatives, Horace sert subtilement sa cause. Mais Octave se veut également le pacificator de Rome et réprouve la libertas lorsqu'elle met en danger la concorde civile. Pour lui faire écho, Horace critique la satire partisane de Lucilius, lui préférant l'archaia, dont il peut facilement nier la dimension politique. Il inscrit ses attaques dans le cadre prétendu privé de la recitatio ou du sermo avec le lecteur, niant les réalités de la publication. Dans ses propres attaques nominatives, il s'en tient à des sujets moraux, dont l'aspect politique reste implicite. La comédie nouvelle lui permet de reprendre les principaux thèmes de la restauration morale entreprise par Octave. Mais il l'associe au mime licencieux ou aux personnages pour lesquels Plaute manifeste une certaine indulgence. Il nomme Ménandre de manière à ne pas avouer sa préférence pour l'univers moral de Térence. Ses Satires conservent ainsi une liberté de ton de bon aloi, il ne passe pas pour un censeur liberticide ou un grossier propagandiste. La continuité des genres comiques lui permet de concilier des aspects contradictoires du programme d'Octave.