La poétique du carmen : étude d'une énonciation romaine des douze tables à l'époque d'Auguste
Institution:
Paris 7Disciplines:
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Abstract EN:
Our study is an analysis of how the term carmen was used in rome to refer to a specific act of speech. The first part broaches the uses of the word when related to three types of agents - birds, instruments, and cantores - showing the unity of a category which, although not an equivalent, embraces the modern notions of song and music. The carmen is thus defined as an act incorporating the properties of the uox, perceived as sonorous matter that provokes physical, emotional and semantic effects. Part 2 and 3 deal with the uses of the word in the field of religion and law: they show a semantic evolution of the word which, after having referred to "magical" speech acts competing with the law, is renewed at the beginning of the roman empire as an archaising category designating any type of speech act where words are supposed to have an intrinsic efficiency: prayers, laws, or prophecies. Flnally, part 4 and 5 outline the gradual use of carmen as a word of poetic self-reference: first referring to the performance of an actor as opposed to the poema, which is a text, the word carmen is later reconsidered by Catullus and Lucretius as a fictive act of speech. Virgil, Horace and Propertius broaden this novelty by using carmen and canere to refer to the poetic act: it becomes a global speech act category, unifying heterogeneous greek practices, designating either iambos, melos, epos or elegy. This unifying speech act allows the new roman poets to import greek poetry as a significant form qf cultural renewal, which is typical of the augustan age.
Abstract FR:
Notre étude analyse l'usage du terme Carmen pour designer à Rome un acte d’énonciation spécifique. La première partie aborde les emplois du terme associe a trois types de sujets - oiseaux, instruments, Cantores - et montre l'unité d'une catégorie qui recouvre sans les traduire les notions modernes de chant et de musique. Le Carmen est ainsi défini comme un acte utilisant les propriétés pragmatiques de la uox entendue comme matière sonore suscitant des effets physiques, sémantiques, et émotifs. Les deux parties suivantes traitent les emplois du terme dans le domaine du droit et de la religion : elles montrent une évolution de sens du terme qui, après avoir désigné des énonciations « magiques » rivales du droit, est réemployé au début de l'empire comme catégorie archaïsante pour designer toutes sortes d'actes ou la parole est censée agir de façon autonome : prières, lois ou prophéties archaïques. Enfin, dans les deux dernières parties, nous analysons l'introduction du terme Carmen comme terme d'autoréférence poétique : définissant tout d'abord une performance d'acteur s'opposant au terme Poema, qui renvoie a une écriture, le terme Carmen va être réevalué par Catulle et Lucrèce comme énonciation fictive. Virgile, Horace et Properce élargissent cette innovation en utilisant le couple canere/ Carmen pour designer l'acte poétique : il s'agit alors par une énonciation globale, d'unifier des pratiques grecques hétérogènes, qu'elles relèvent du iambe, du melos, de l'epos, ou de l'élégie. Cette énonciation unifiante va permettre aux nouveaux poètes d'importer la poésie grecque à Rome dans un geste de refondation culturelle caractéristique de l'âge d'auguste.