thesis

Cicéron et Sénèque dans la rhétorique de la Renaissance : le débat sur "le meilleur style" dans la littérature érudite de 1555 à 1620

Defense date:

Jan. 1, 1986

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The purpose of this study is to describe the debates concerning ciceronianism in the second half of the sixteenth century and the first quarter of the seventeenth century : is ciceronian eloquence entirely adapted to gnoseologic, ethic and esthetic requirements of the modern persuasion ? This problem (analyzed in the scholarly treatises of the period, generally written in Latin) may be summed up as the opposition between a sophistic or asianist eloquence and an inspired one, actualized by the opposition of Cicero and Seneca, and stylistically expressed by the antithesis of copia and brevitas. This debate, imbued with the erasmian appeal to a truthful eloquence, pervades all the compartments of "literature", understood at that time as the alliance of wisdom with convincing speech, but it finds a privileged utterance in the pulpit oratory one of the most fertile and representative fields of investigation in this period. The history of rhetoric from 1555 to 1620, admits of three phases, strictly united : a) the isocratic nature of the movement is first reformed by the ciceronians themselves, particularly Paulus Manutius, who subordinate the principle of concinnitas to the requirement of density and concentration formulated in the Pseudo-Longinus treatise on the sublime ; b) the ciceronian ideal of suave breadth is refused by the followers of Seneca, and their leader Justus Lipsius, who propose an ideal of intensity and laconism ; c) the Jesuit rhetors try to conciliate in the principle of concinnitas the two tendencies to suavity and intensity.

Abstract FR:

L'objet de ce travail est de décrire les débats relatifs au cicéronisme dans la seconde moitié du XVIe siècle et le premier quart du XVIIe siècle : il s'agit de savoir si l'éloquence cicéronienne, découverte majeure de la renaissance, est pleinement adaptée aux exigences gnoséologiques, éthiques et esthétiques de la persuasion moderne. Ce problème (que nous analysons dans les traités érudits de l'époque, le plus souvent rédigés en latin) peut se résumer comme l'opposition entre une éloquence sophistique ou asianiste et une éloquence de l'inspiration ou du cœur, elle-même représentée par l'opposition de Cicéron et de Sénèque, et ramenée à l'opposition stylistique de l'ampleur (copia) et de la concision (breuitas). Ce débat, où revient sans cesse l'appel érasmien à une éloquence de vérité, anime tous les compartiments de la "littérature", alors généralement entendue comme l'alliance de la sagesse avec la parole persuasive, mais il trouve sa forme privilégiée dans la rhétorique sacrée, un des lieux d'enquête les plus féconds et les plus représentatifs de la culture renaissante. L'histoire de la rhétorique, dans cette période, admet trois phases, étroitement unies : a) l'essence profondément isocratique du mouvement est d'abord reformée par les cicéroniens eux-mêmes, en particulier Paul Manuce, qui subordonnent le principe de concinnitas à l'exigence de densité et de concentration que propose le traité du sublime du Pseudo-Longin ; b) l'idéal cicéronien d'ampleur suave est refusé par les sénéquiens, dont le maître à penser est Juste Lipse : l'ingenium de l'écrivain trouve son reflet adéquat et préserve sa chaleur inventive dans la tension laconique ; c) le cicéronisme, dans l'œuvre des rhéteurs jésuites, cherche à concilier dans la concinnitas les deux tendances de la suavité et de l'intensité.