Quasi de speculo : l'écriture et la parole dans les Saturnales de Macrobe
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Although Macrobius’ work has been understood as a source likely to engage erudite interest, the absence of studies emphasizing the Saturnalia’s literary aspects is unfortunate. The work presents a carefully fashioned banquet, for which Macrobius elaborates an innovative project in his writing of it. At the origins of this silence, Quellenforschung has openly neglected the composition’s attempt to pose itself the challenge of collecting the multiplicity of knowledge into an organic unity as a coherent construction. The study of the network of characters allows us to understand the economy of speeches and the different systems of discourse in the Saturnalia, as the guests apply the imperative spoudaiogeloion and combine technical exposés with facete dicta. Through the system of readings put into place on account of the twelve specialized speakers who are present, Macrobius elaborates a living encyclopedia of ancient times, whose precise codification guarantees the work’s originality. The terms of reference in which each person undertakes a speech, composes it, and eventually passes it along to his neighbor, who in turn offers his own share to the corporation of knowledge that takes shape, ought to inform us about the idea of discourse which the work authorizes. This idea constitutes a singular advancement in the definition of sermo doctus, which the Renaissance and the âge classique would lay to heart. Approached from this perspective, the Saturnalia, read widely in the middle Ages, still present us today with an aesthetic and poetic interest ; without undermining the documentary merit of the Saturnalia, this approach still allows us to understand their intrinsic value.
Abstract FR:
Si l’oeuvre de Macrobe a été reçue comme une source susceptible d’intéresser telle question d’érudition, on déplore l’absence d’études privilégiant les aspects littéraires des Saturnales. Il s’agit pourtant d’un banquet stylisé pour l’écriture duquel Macrobe élabore un projet innovant. A l’origine de ce silence, la Quellenforschung a ouvertement négligé le souci d’une composition qui se lance le défi de ramener à l’unité organique d’un tout construit, dans lequel l’auteur voit la seule possibilité d’accéder à l’oeuvre d’art, la multiplicité éparse des contenus de savoir. L’étude du système des personnages permet d’appréhender l’économie de la parole et les différents régimes du discours des Saturnales, les convives appliquant l’impératif du spoudaiogeloion, et mêlant les dissertations techniques et les « bons mots ». Grâce à l’appareil de lectures mis en place du fait de la présence de douze orateurs spécialisés, Macrobe élabore une encyclopédie vivante des temps anciens dont la codification précise garantit l’originalité de l’oeuvre. Les modalités dans le cadre desquelles chacun prend la parole, l’orchestre et la passe finalement à son voisin pour que lui aussi apporte son écot à la communauté du savoir qui se dessine, doivent nous renseigner sur la conception du discours que l’oeuvre accrédite et qui constitue une vraie progression dans la définition d’un sermo doctus dont se souviendront la Renaissance et l’âge classique. Abordées ainsi, les Saturnales, qui ont été abondamment lues au Moyen Âge, présentent aujourd’hui encore un intérêt esthétique et poétique qui, sans remettre en cause la valeur documentaire de l’oeuvre, permet d’en apprécier la valeur intrinsèque.