thesis

Les imaginaires des langues dans l'œuvre de Patrick Chamoiseau ou les voix de Babel

Defense date:

Jan. 1, 2007

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Abstract EN:

By merging French and Creole in his novels, Chamoiseau brings to the fore question of natural languages in literature. Based on a long tradition, their imaginary dimension is particularly well embodied in the modern texture of a multilingual writing. Thus the resorts to both French and Creole are significant while they awake the sociolinguistic representations of the West-Indies, they even more clearly take part in imaginary re-elaborations giving birth to "mytholinguistic scenographies". Socio-historical constraints gave rise to the imaginary representations attached to French and Creole. Therefore, they oscillate between nature and culture, barbarism and civilization, master and slave. The writer however attempts to free himself from the pains of diglossia : the use of a creolized French leads to a reflection on linguistic interbreeding and fusion. Condemning mono lingual practice and praising the worth of multilingualism, the doors of a reconciled Babel seem at last to be opening. But in the midst of such enthusiasm, the reader is invited to question the specificities of Creolity, and more precisely the permanency of the existence of idioms. To finish with, multilingual writing does have an effect on reality. The reformation of the structures of linguistic imaginaries - from monolingualism to multilingualism and from punishment to the redemption of Babel- has the literary work involved in the word of reality, between ideology and utopia

Abstract FR:

En mêlant français et créole dans ses romans, Chamoiseau offre une visibilité à la problématique des langues naturelles en littérature. Héritière d'une longue tradition, la question des imaginaires des langues trouve particulièrement à s'incarner dans la modernité d'une écriture hétérolingue. Ainsi, les usages du français et du créole n'ont rien d'anodin : caisses de résonance des représentations sociolinguistiques des Antilles, ils s'insèrent surtout dans des réélaborations imaginaires et font émerger des "scénographies mytholinguistiques". Les imaginaires entourant français et créole se sont forgés à partir de contraintes sociohistoriques et oscillent alors entre nature et culture, entre barbarie et civilisation, entre maître et esclave. L'écrivain tente cependant de s'émanciper de ces douleurs diglossiques : la présence d'une langue française créolisée ouvre à une pensée du métissage et de la fusion linguistique. Les portes d'une Babel réconciliée, condamnant le monolinguisme et vantant la richesse du multilinguisme, semblent enfin s'ouvrir. Mais, dans cette euphorie de Babel, le lecteur est invité à s'interroger sur les spécificités du mouvement de la Créolité, et en particulier sur la permanence d'une pensée ontologique des idiomes. Enfin, cette écriture hétérolingue n'est pas sans incidence sur le réel. La rénovation des imaginaires des langues - du monolinguisme au multilinguisme, du châtiment à la rédemption de Babel- engage l'œuvre sur le terrain du réel, entre idéologie et utopie.