La galaxie des signes de Paul Auster : gravité et légèreté de l'écriture
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This dissertation examines Paul Auster's prose works, from The invention of solitude to Leviathan. Both chronological and simultaneous, Auster's texts are characterized by semantic and referential combinations which point to ever-revisited literary stakes. Invention delineates an intimate space in which past, memory, present and writing are closely interconnected. The following novels address the same notions, while turning reality into a riddle-like world, in which every sign seems endowed with meaning. The investigating protagonists, looking out for some hidden order under the chaos of appearances, are systematically threatened by disintegration and amnesia. Doubles, repetitions, coincidences, magic algebra and prophetic nominalism overwhelm them: many of these signs, one realizes, are not intended for the characters but for the reader, who soon discovers an ironic dimension to the writing. Two levels of reading appear. One, fictional, that subjects reality to chaotic forces leading to psychological confusion and the dwindling of mental, physical and material resources; the other, metafictional, that reveals the author's half-hidden presence in the baroque masquerade of identities and the unfolding of memory, consciousness and random fate. Under the disguise of fiction, a mirror-text, largely autographical, emerges. The galaxy of signs, initially gravitating around memory, identity and the act of writing, soon expands, in ironic and centrifugal circles, towards metatextual levity.
Abstract FR:
Cette recherche examine l'œuvre en prose de Paul Auster, de The invention of solitude à Leviathan. A la fois chronologique et simultané, l'espace textuel de Auster est caractérisé par une combinatoire lexicale et référentielle qui dévoile des enjeux littéraires toujours revisités. Invention présente un univers dans lequel passé, mémoire, présent et écriture sont en relation étroite. Les romans qui suivent réactivent ces mêmes notions, tout en faisant du réel un monde en forme d'énigme, ou tout semble faire signe, et ou les personnages-détectives, à l'affut d'un ordre caché sous le chaos des apparences, sont sous la menace constante de la désintégration et de l'amnésie. Tout y est doubles, répétitions, coïncidences, algèbre magique, nominalisme prophétique, qui confondent les héros: nombre de ces signes, s'adressent, en effet, non aux personnages, mais au lecteur, qui discerne bientôt la marque d'une écriture ironique. Les fictions laissent alors apparaitre deux niveaux de lecture. Le premier, diégétique, où le réel est la proie de forces chaotiques, menant à la confusion psychologique, à l'épuisement des ressources et des corps; l'autre, métafictionnel, où se découvre, sous la surcharge baroque des masques et des impostures, dans le dépli de la mémoire, de la conscience et des hasards nécessaires, une écriture-miroir, un texte largement autographique. Sous les oripeaux de la fiction, apparait la figure en trompe-l’œil de l'écrivain. La galaxie des signes, d'abord condensée autour du centre de gravité de la mémoire et de l'identité, est bientôt mue par une force centrifuge ironique vers l'expansion ludique et la légèreté méta textuelle.