La fiction de Richard Brautigan : construction et déconstruction
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The fragmentation and discontinuity which characterize Brautigan's fiction originate from a systematic deconstruction of both themes and form. All aspects of reality, filtered through the meandering of the narrator's perception, express the dislocation of values and self. In fact Brautigan's works retain the illusion of traditional storytelling but constantly undermine the functioning of narration. Plot and story are discarded (the linear and horizontal axis of composition becomes highly deceptive) and are superseded by the proliferating force of imagination. The text progresses through displacement and transformations instead of logical and rational links and advocates a solipsistic and impressionistic worldview. This also results in a type of knowledge based on contemplation rather than on reason. Guided by a principle of instability, language, concentrating on the instant, generates a multiplicity of self-dissolving images, creating an ephemeral mode of writing which gives the fiction its dreamlike quality. Brautigan's fiction stands at the crossroads of two extreme trends of postmodernism: the nihilistic and the visionary.
Abstract FR:
L'œuvre narrative de Brautigan, caractérisée par la fragmentation et la discontinuité, manifeste une volonté de déconstruction systématique de la réalité socio-économique, historique, culturelle et personnelle, et traduit aussi les failles et les errances de la perception. En fait, Brautigan simule les récits traditionnels pour mieux démonter les mécanismes de la narration (d'où les effets humoristiques et parodiques). L'analyse des structures narratives révèle le rejet de l'histoire comme force structurante et l'intrusion de la force proliférant de l'imaginaire. Le texte se construit dans un langage vertical (discours par l'image) fondé non plus sur des relations logiques et rationnelles mais sur des glissements et transformations du réel. Domaine de l'instabilité et de la mouvance, la fiction devient le lieu de l'éphémère et du rêve, et définit une esthétique de l'instant. Elle privilégie une vue solipsiste et impressionniste du monde, évolue dans l'espace et la durée intérieurs du narrateur, et détermine une connaissance de contemplation et non de raison. Dans les diverses tendances du postmodernisme, la fiction de Brautigan tient à la fois des deux extrêmes : nihiliste et visionnaire.