Abstract FR:

Une approche qualitative a été choisie pour mettre au jours les perceptions des Américains, observer les comportements en situation de représentation, dégager le signification sociale du vin et étudier le changement de statut du vin. Les travaux de Howard Becker, Erving Goffman, Claude Fischler et Dwight Heath ont été utilisés. La perspective « émique » a guidé le travail sur le terrain : 114 professionnels ont été interrogés à New York, Boston, Providence, Washington, San Francisco et Berkeley, ainsi que 22 directeurs et chercheurs dans le domaine de la santé publique à Brown University et UC Berkeley. Un lobby anti-alcool à Washington a été étudié. L’analyse du corpus permet de démontrer que, dans un environnement de tempérance, le vin a été valorisé par une élite en tant que pratique culturelle et objet de savoir associés à un style de vie sophistiqué. La première partie est consacrée à l’analyse de l’environnement réglementaire, politique et social. Le processus par lequel le vin a tété considéra comme la boisson de la modération, puis comme une boisson alcoolique et une drogue licite, est examiné. Dans la deuxième partie, le vin est étudié en tant qu’objet de gustation et de savoir. Les faux pas et les manœuvres de protection pour sauver la face sont analysés afin de mettre au jour un code du boire. Le vin confère une identité sociale sophistiquée, définie par le savoir, l’argent et l’intelligence, signe de l’appartenance à la classe moyenne supérieure. Dans la troisième partie, la sophistication est étudiée comme l’expression d’une distance au quotidien, au monde ordinaire, au « mode de vie américain » symbolisé par McDonald et les rapports à l’alimentation, au corps, au temps, à la famille, distance enfin à l’éthique puritaine définie par l’abstinence, la frugalité et la répression des plaisirs. Les fondements de l’éloignement que le vin symbolise justifient le caractère cosmopolite de la sophistication.