Le lecteur à l'épreuve du banal dans les nouvelles de Raymond Carver
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Abstract EN:
The short stories by Raymond Carver are concerned with characters and situations which immediately call to mind the notion of "banality" the purpose of this work is to use this notion as an operational tool liable to account for the specificity of Carver's writing. In the first part, the importance of stereotypy is assessed both from the thematic point of view and from the linguistic point of view. The concepts of "voice", "cliché" and "stereotype" are widely used always in relation to precise examples. The study of four manuscripts shows that the author emphasized the "litterality" of cliches along his work. The second part deals with the mimetic dimension of Carver's workand shows, on the one hand, that the traditional mechanisms of representation are subverted and, on the other hand, that a specific "reality" comes to light, one whose uncanniness is due to its very banality. Lastly, the third part examines the way "every day life" is shown to dysfunction in the stories: through the study of Carver's handling of time we show that a number of systems based on accumulation and proliferation lead the text on the verge of the grotesque. The question of how to interpret the stories, whether literally or allegorically is also treated in this last section.
Abstract FR:
Les nouvelles de Raymond Carver mettent en scène des personnages et des situations qui appellent immédiatement le qualificatif de "banal". Il s'agit, dans cette thèse, de tenter de transformer cette notion floue en un outil opérationnel pour rendre compte des spécificités de l'écriture de Carver. Une première partie, intitulée "Les Jalons d'une esthétique du littéral" explore l'importance de la stéréotypie dans l'œuvre, tant sur le plan de la thématique que sur celui de la langue utilisée. Les concepts de "voix", de "banal", de "stéréotype" et de "cliché" sont ici abondamment utilisés, toujours en rapport avec des exemples précis tirés des nouvelles dans le souci de comprendre l'économie de l'œuvre. L’examen de plusieurs manuscrits, dont six sont fournis en annexe, atteste que l'auteur s'est acheminé vers un emploi de plus en plus "littéral" des clichés, le "banal" au sens où l'entend Sami-Ali prenant une part grandissante dans l'œuvre au fil des années. La seconde partie se penche sur la dimension mimétique de l'œuvre, et montre d'une part, comment Carver subvertit les mécanismes traditionnels de la représentation mimétique, et d'autre part, quelles sont les particularités du réel qui se dessine dans l'œuvre. Il s'agit d'un réel "de- familiarisé", dont l'étrangeté repose sur sa banalité même. La troisième partie et explore les déraillements du quotidien mis en scène dans plusieurs nouvelles : une temporalité fondée sur la parataxe et sur la surenchère permet l'apparition de systèmes où domine le principe d'une prolifération décrochée de la causalité. Un dernier chapitre récapitulatif reconsidère la manière dont le texte carverien théorise son lecteur : l'oscillation entre métaphore et métonymie qui apparait à l'échelle de la microlecture domine également les interprétations plus globales des nouvelles.