Robert Coover et la générosité de la page : écriture et variations
Institution:
Lille 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Fashioned by variation, Robert Coover's work challenges all frontiers : it never begins nor does it ever end. As "an endless intermission", Coover's writing can be seen as a gesture that traces ephemeral lines erased as soon as they appear on a page that remains forever blank ; for this is where writing finds its self-perpetuating force - in the generous blanks of a page, amid silences and what is left unsaid. And if all seems to have always been said before, writings live on, keeps inventing a life all its own, saying it all over again in terms that are, if not new, at least singular. And so each text rewrites the one that precedes it in an endless fugue that highlights the precariousness of would-be authoritative versions, ready-made truths and ossified modes of thinking. Each text thus comes very close to touching the real, though without ever being able to give it full expression. In a perpetual state of becoming, Coover's texts anticipate and question their own reading as they provide a grotesque image of a reader who can only walk in the characters' footsteps : what is being criticized is nothing else but criticism itself. How then to read these texts, what method can one choose to venture a commentary which, whatever it is, will always run the risk of being a burden and thus freezing the texts' flights towards the oblivion that pervades them ? For inevitably, the variation at the heart of such texts seeks to delay their reading indefinitely until one finally learns how to read ; that is, how to rewrite the texts, to erase them so that the variations can go on and perpetuate the movement of writing - for variation is ultimately another name of litt-erasure
Abstract FR:
Travaillée par la variation, l'œuvre de Robert Coover conteste toute frontière ; jamais elle ne commence, jamais elle ne se termine. Pur milieu, "intermède sans fin", l'écriture se fait geste, trace des lignes éphémères qui, sitôt encrées sur la page, s'effacent pour la laisser retourner à sa blancheur originelle. Car c'est là, dans les blancs généreux d'une page, dans les silences et les non-dits, que l'écriture puise sa force de perpétuation. Tout est dit depuis toujours et l'écriture vit et se survit de tout redire en des termes, sinon nouveaux, du moins singuliers. Alors chaque texte récrit le précédent en une interminable fugue qui souligne la précarité des versions officielles, des vérités toutes faites et des modes de pensée clos sur eux-mêmes ; et chaque texte touche ainsi, sans jamais pouvoir le dire, le réel du bout de la langue. En perpétuel devenir, toujours instables, les textes anticipent et interrogent alors leur lecture, magnifiant de façon grotesque l'image d'un lecteur qui se voit déambuler, emboîtant le pas aux personnages, dans des textes où ce qui est mis en crise n'est autre que l'idée de critique. Comment dès lors ces textes, quelle méthode adopter pour y greffer un commentaire qui, quel qu'il soit, s'expose toujours au risque de les lester et, ce faisant, d'arrêter leur course vers l'oubli qu'ils portent en eux ? Car inévitablement, la variation qui fait jouer les textes vise in fine à retarder la lecture indéfiniment, jusqu'à ce qu'on apprenne, enfin, à lire ; c'est-à-dire récrire les textes, à les effacer en toute impunité pour que perdure et se prolonge encore la variation, autre nom de la littérature