thesis

Aptitude militaire et sélection médicale des recrues : France-Angleterre (années 1900-1918)

Defense date:

Dec. 12, 2020

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Institution:

Paris 10

Directors:

Abstract EN:

Exploring the Army’s physical and mental selection process, my study intends to compare the procedures followed in France and in the United Kingdom at a time when a massive part of the male population’s military fitness had to be assessed. In both countries access to the battlefield was conditioned to the favorable opinion of medical experts, as scientific examination resulted in the enrolment or exclusion of the would-be conscript from the military. According to a nomenclature of physical defects, disabilities and sicknesses, the medical examination supposedly circumscribed the weakest part of the population and prevented it to enlist. The process was intended to be scientific and as such a series of tests and statistical indexes were set to properly measure and evaluate suitability for military service. A long and high intensity conflict, the Great War, put this scientificity to the test. My project aims to analyze the production of a scholarly discourse on military fitness, its sometime chaotic practical application in wartime as well as the public’s reaction to what was rapidly perceived as a careless application of scientific selection methods endangering the nation. Indeed, both in France and Britain, the irruption of a “scandal of the unfits” into the public sphere caused the outbreak of an important epistemological debate resulting in a political crisis. Measures were therefore taken to address the criticisms. My dissertation will show how states used medical legitimacy to ease public’s unrest and restore support of the population to the war effort. I intend to demonstrate that military fitness, far from being exclusively a medical concept, is a social and administrative construct mirroring its political context of production.

Abstract FR:

Au début du XXe siècle, les armées européennes font dépendre le recrutement de leurs troupes d’un processus de sélection mené par des médecins militaires. Les candidats sont soumis à un examen au terme duquel les individus considérés comme inaptes sont écartés du rang. Au croisement de l’anthropologie historique, de l’histoire des sciences et de l’histoire des sociétés en guerre, j’entends montrer que l’aptitude militaire est une notion aussi bien médicale qu’administrative et sociale, profondément dépendante du contexte politique dans lequel elle est invoquée. Dans un contexte de compétition internationale, l’intervention des experts médicaux dans le recrutement rejoint des enjeux stratégiques, politiques et sanitaires. En conséquence, les critères de l’aptitude militaire et les données statistiques issues de la sélection sont placés sous haute surveillance. L’entrée en guerre met le processus de sélection à rude épreuve et l’examen médical est rapidement gouverné par une logique du rendement, qui fait primer la quantité des effectifs sur leur qualité. Face à l’affaiblissement de la sélection, émergent des entreprises de contestation qui parviennent à peser sur les gouvernements. La Grande-Bretagne se voit contrainte de procéder à une réforme en apparence radicale qui passe par la démilitarisation complète des opérations médicales du recrutement. En France, l’inquiétude reste circonscrite au débat technique et les solutions apportées sont le fait des hygiénistes. Elles relèvent de la gestion de crise sanitaire. Dans les deux pays toutefois, les mesures prises par la puissance publique visent essentiellement à restaurer la confiance en renforçant le poids des experts médicaux. Elles ont des effets limités sur le processus et les résultats de la sélection elle-même.