Piero Gobetti (1901-1926) ou l'intègre liberté. Au-delà du mythe
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Piero Gobetti spent his life in Torino as a political and literary essayist. He wrote articles and essays feverishly over an eight year period (1918-1926): these appeared in magazines with mythical titles : Energie nove, La Rivoluzione liberale, Il Baretti, and in his own publishing house. They fill up three thick volumes. Did he intend to purge Italy of its evils by fighting fascism? What were his real motivations? That is the question. We have tried to elucidate them, conscious of the political or ideological views that have prejudiced his critics. Because of its divisions, Italian literary criticism has derived no benefit from the analysis of political or historical writings. We endeavor to fill in this gap. Considering Gobetti's work as a continuous discourse, not as a structure closed on its references, we analyze the rules that have transformed his own writing, the interplay of voices that reveal their author. Beyond the traditional critical language, between an incantatory meta-language and political bias, there appears a character who is trying to reach a new man through the ideological battles of the first three decades of the century a man capable of mastering his original and gigantic representations by embodying the idea of a human consciousness that would embrace individualism to the point of self-sacrifice. This will be confirmed by the study of the implications of key words whose inter-relations are significant. The struggle made necessary by action is then nothing but the paradox of a passion which, in its profound implications, endeavors to suppress any mediation.
Abstract FR:
Piero Gobetti a mené sa carrière d'essayiste politique, historique, littéraire, à Turin. Dans une fièvre de tous les instants, en huit années (1918-1926), il remplit trois gros volumes d'articles et d'essais publiés dans ses revues aux consonances mythiques : Energie nove, La Rivoluzione liberale, Il Baretti, et dans sa maison d’édition. En combattant le fascisme, avait-il l'ambition de purger l’Italie de ses maux? Quelle était la vraie nature de son engagement? C'est là la question. Nous levons le voile des mythes qui obèrent sa parole que la critique a lue à l'aune exclusive des problématiques politiques et idéologiques. Cloisonnée dans ses différents secteurs, la critique italienne n'a pas bénéficié des travaux sur l'analyse du discours politique ou historique. Nous avons comblé ce vide. Considérant le corpus de ses écrits - non comme une structure refermée sur ses références - mais comme un discours continu, en lui reconnaissant toutes ses prérogatives, nous avons mis à jours : les règles de transformation de sa propre écriture, le tissu des voix qui le parlent et qui se rapportent à leur auteur-sujet. Au-delà du langage critique traditionnel - entre métalangage à valeur incantatoire et récupération politique - apparait un personnage qui, sur les chemins des batailles idéologiques du premier quart de siècle, cherche l'homme nouveau, capable de dominer ses représentations, dans la démesure de l'inédit, en incarnant l'idée de la conscience humaine autonome jusqu'au sacrifice. L'étude des conditions internes de la signification que découvrent les mots-clefs : pivots attitudinaux qui en se corrélant cristallisent le sens, confirmera cela. Le combat qui l'attache à l'action n'est dès lors plus que le paradoxe d'une passion et de sa définition profonde qui s'efforce de supprimer toute médiation.