thesis

L'Italie, un Etat sans nation ? : voyage à travers les contradictions d'un Etat-nation incertain

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Jan. 1, 2004

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En mai 2001, pour la deuxième fois en 140 ans d'histoire, l'Italie changeait de majorité à la suite d'une consultation électorale. Il s'agit d'une transformation majeure des coutumes politiques qui peut être considérée comme l'aboutissement de deux processus interdépendants : la tentative de discipliner par l'accroissement des dépenses publiques les effets des séismes sociaux issus du " miracle " économique d'une part et, d'autre part, un système de relations internationales de plus en plus caractérisé par l'ouverture, la libéralisation et l'intégration des marchés. Le cycle libre-echangiste mondial a fini par imposer partout le démantèlement progressif des protections publiques et a jeté dans le désarroi politique les pays où l'État jouait un rôle prépondérant dans la vie économique, comme l'Italie. Aussi les systèmes de protection sociale ont-ils été sévèrement restructurés, ce qui a provoqué en dernier ressort une crise de confiance entre les électeurs et les élus. La crise de restructuration qui a entraîné le triomphe du libéralisme est un phénomène mondial. Chaque pays a dû se conformer aux obligations que le nouveau cycle économique imposait. Mais chaque pays l'a fait selon des modalités spécifiques, qui lui viennent de son histoire et de sa tradition. En Italie, l'hétérogénéité de la classe dirigeante constitue le principal facteur multiplicateur de la crise. Cette hétérogénéité est à son tour le fait de la persistance des divisions et des faiblesses de la bourgeoisie de la Péninsule. Des divisions historiques, régionales, sectorielles ou encore fondées sur des intérêts contingents qui, amoindries et dissimulées par le recours constant au compromis transformiste, ont toujours empêché la formulation d'un projet stratégique clair et univoque. Des faiblesses structurelles qui, s'ajoutant aux incertitudes stratégiques, ont toujours fait de l'Italie un pays particulièrement sensible à l'influence des grandes puissances et au poids des relations internationales. Dès sa naissance, l'Italie est le résultat d'un concours extraordinaire de circonstances imprévues créées par le réaménagement des équilibres européens. Depuis lors, les grands tournants du pays ont toujours coi͏̈ncidé avec les grands tournants des relations internationales, dont ils ont été les reflets. L'ensemble de ces facteurs contribue à la faiblesse et à la fragilité du sentiment de cohésion nationale. La fragmentation de la classe dirigeante - dont les racines historiques plongent dans l'unification manquée du XVe siècle - s'est répercutée dans la fragmentation linguistique, dans le provincialisme de la production littéraire mais aussi, a contrario, dans la relative homogénéité religieuse du pays, c'est-à-dire dans l'influence préservée de l'Église catholique qui fut longtemps l'adversaire le plus résolu de l'unification. Tous ces legs de l'histoire de la Péninsule ont refait surface lors de la crise des années 1990. L'étude sans complaisances et sans préjugés de cet héritage historique peut fournir des clés pour la compréhension du passé mais, surtout, pour celle du présent et de l'avenir de l'Italie dans le processus actuel d'unification européenne.