Abstract FR:

Chez G. Basile, la coexistence entre les animaux et la féerie est particulièrement étroite, bien qu'il s'agisse a priori de deux mondes très différents, à l'un étant habituellement octroyé la pesanteur matérielle et à l'autre la légèreté de l'imaginaire ou de l'esprit. L'interférence entre ces deux univers trouve une justification dans les traditions les plus anciennes, aussi bien que dans la psychologie des profondeurs, les observations scientifiques ou certaines orientations de pensée, comme la philosophie holistique. Dans Lo Cunto de li cunti, la remise en question de l'étanchéité des règnes entre eux facilite la compréhension des complexes créatures enchantées, aux diverses origines. Les métamorphoses, dans cette optique, sont un aspect du devenir. La profonde compassion de l'auteur n'exclut pas la moquerie, sous laquelle perce son intérêt pour l'astrologie et l'alchimie, tandis que la féerie est paradoxalement rendue presque tangible grâce au réalisme tout particulier du style. Inversement, la réalité devient féerique. L'étude des supports ou accompagnements de la féerie confirme l'attachement de G. Basile a d'antiques convictions, au vu de nombreuses références plus ou moins discrètes, insistantes et concordantes. La classification des animaux d'après Lo Cunto de li cunti proclame un respect certain pour les animaux; ce sont des médiateurs et non des inférieurs. Encore faut-il savoir les comprendre et avoir conservé le pouvoir d'émerveillement des "peccerille" auxquels l'œuvre est dédiée. Sous l'angle d'une perspective ésotérique, c'est un message finalement optimiste que nous transmet cette œuvre, avec la proclamation de la nécessité de la réconciliation possible entre les règnes et des bienfaits de la suppression du dualisme en général.