thesis

Alessandro Verri (1741-1816) : entre raison et sensibilité, une écriture en clair-obscur

Defense date:

Jan. 1, 2010

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Institution:

Paris 8

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Cette étude de la vie et des œuvres d’Alessandro Verri (1741-1816), menée à partir du dépouillement complet de ses archives inédites, retrace le parcours intellectuel d’un témoin capital des événements culturels et politiques de son temps. Issu de l’aristocratie milanaise, Verri avait fourbi ses premières armes dans « Il Caffè » (1764-1766), périodique imprégné de culture européenne, fer de lance des Lumières lombardes, dirigé par son frère aîné Pietro formé à l’école du réformisme des Habsbourg. Il mourut à Rome, en 1816, romancier reconnu et apprécié, apôtre de la Restauration monarchique et fervent défenseur de l’Église. Comment s’était opérée la transition entre son activité milanaise, consacrée à la réflexion sur la modernisation des institutions juridiques, à la satire sociale et à la critique des académies littéraires, et sa production romaine, caractérisée par l’adhésion aux canons du classicisme et aux thèses du conservatisme catholique ? Le déclenchement de la Révolution n’explique pas, seul, l’évolution de son discours. Verri avait affiché des positions singulières dans l’équipe du « Caffè », qui l’avaient conduit à une remise en question précoce des bienfaits de la philosophie moderne. Animé par la peur du « volgo », il avait fait le deuil des Lumières comme « invention de la liberté » et s’était engagé dans la défense d’un despotisme, certes soucieux du bien commun, mais prompt à se prévaloir de la raison d’État dès lors que menaçait l’exacerbation des passions populaires. Jugeant avec inquiétude les outils fournis par les encyclopédistes pour l’émancipation intellectuelle des peuples, il estimera que l’histoire du XVIIIe siècle finissant lui avait donné raison.

Abstract FR:

This study of Alessandro Verri’s life and work is based on an in-depth analysis of his unpublished archives. His career bears witness to the crucial intellectual and political mutations of his time. Born in the Milanese aristocracy, Verri sharpened his claws during the controversies sparked by « Il Caffè ». Edited by his elder brother Pietro, who was strongly influenced by the reforms implemented by the House of Habsburg, « Il Caffè » was a radical journal pervaded with European thought and a spearhead for the spread of Enlightenment in Lombardy. When he died in Rome in 1816, Alessandro Verri had earned critical consideration and popular acclaim as a novelist who championed the cause of monarchic restoration and the doctrines of the Catholic Church. In which ways did he effect such a transition from his years in Milan, spent reflecting on the modernisation of legal institutions, satirizing society and criticizing literary academicism, to his stance in Rome, where he advocated loyalty to the canons of classicism and to Catholic conservatism ? The outbreak of the French Revolution cannot be the only explanation for such an intellectual development. Verri had always been a maverick inside the « Caffè »’s editorial board, questionning the validity of modern philosophy early in his career. Haunted by his fear of the « volgo », he had done away with Enlightenment as « the invention of freedom » and had committed himself to the promotion of a form of despotism, which, though mindful of the well-being of the many, should always resort to the reason of state to justify the authoritarian containment of the mob’s unruly passions. In the end, he felt the course of history had fully validated his restless criticism of the conceptual bases of the French Philosophes’ plea for the emancipation of the people.