Le corsisme et l’irrédentisme 1920-1946 : histoire du premier mouvement autonomiste corse et de sa compromission par l’Italie fasciste
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
After the first World War, Petru Rocca founds the Corsican movement. His initiative takes on two objectives : to stir and aweken the island’s self-awareness and to protect its unique cultural identity. By means of a publishing house and a regional paper named A Muvra, he promotes the language and he champions the quest for Corsican autonomy. At the same time, fascist supports and finances a propagandist campaign advocating for the return of the island and other lands considered Italian, by the virtue of their shared history and culture. If these two positions appear contradictory, autonomy within French republic on the one hand and a fervent attachment to the peninsula on the other, Corsism and irredentism are nonetheless quickly confounded. Between 1922 and 1939, the polemic increases and, in 1946, the Corsicans are condemned for « attack against State security » during purification proceedings. The little historiography treating this time summarizes the Corsican movement as a by-product of fascism. Diverse sources adumbrate the complexity of the political bargains involved, highlighting the diversity of individual interests, which each bear witness to the breaking apart and muddling of separate political causes. Since French and Italian strategies occulted Corsican priorities, which were so strongly uphelp by Petru Rocca, since the context of fascism absorbed the diplomatic quarrel fueled by irredentism, the Corsican perpective fell into obscurity and ommission. Nevertheless, Corsica’s history reveals both the troubles of an era during which propaganda manipulated the newly politicized masses and a time when national identity became the mainspring of a war.
Abstract FR:
Aux lendemains de la Première Guerre mondiale, Petru Rocca fonde le mouvement corsiste pour le réveil de la conscience insulaire et la protection du particularisme culturel. À travers une maison d’édition et un bulletin régionaliste appelé A Muvra, il cherche à promouvoir la langue et défend la nécessité d’un statut autonome pour la Corse. Dans le même temps, l’Italie fasciste adopte les convictions irrédentistes des nationalistes et finance officieusement une propagande pour le retour de l’île et des autres terres considérées italiennes, par leur histoire et leur culture. Si ces programmes affichent des positions incompatibles, de l’autonomie au sein de la République française au rattachement à la Péninsule, le corsisme et l’irrédentisme sont rapidement confondus. De 1922 à 1939, la polémique enfle et, en 1946, les corsistes sont condamnés pour « atteinte à la Sûreté de l’État » dans le cadre des procès de l’épuration. La mince historiographie résume le mouvement corsiste au jugement de l’époque en analysant son évolution comme une « dérive fasciste ». Les sources mettent plutôt en lumière la complexité de la compromission reprochée et soulignent la diversité des engagements individuels, témoignant de l’éclatement des causes et de l’imbroglio d’intérêts. Parce que les stratégies italienne et française effacent la priorité corse tant recherchée par Petru Rocca, parce que la problématique fasciste absorbe la querelle diplomatique de l’irrédentisme, le corsisme est tombé dans l’opprobre. Pourtant, son histoire révèle avec justesse les troubles d’une époque où la propagande joue des masses nouvellement politisées et où l’identité nationale devient le nerf d’une guerre.