L'image de la Rome antique dans l'Angleterre anglo-saxonne (VIIème siècle-1066)
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Ever since pope Gregory the Great dispatched missionaries to England, the Anglo-Saxons remained fascinated by Rome, arguably more so than other early medieval peoples. Yet they could in no way be considered as natural heirs to the Roman Empire, and their relationship to Roman Antiquity was a complex one. During the decades that followed the conversion, some kings posed as successors to the Roman emperors, but it was left to the great writers of the period (viz. Aldhelm, Boniface, Bede) to make the command of Antique culture a decisive component of Anglo-Saxon identity : the issue was to place these peoples firmly within the ambit of Latin Europe which was heir to both Christian and Pagan Antiquity. During the IXth century, Viking raids had a deep and lasting impact on Anglo-Saxon culture. When King Alfred (871-899) undertook to restore the greatness of the West-Saxon kingdom, he prompted the translation of various works from Latin to Old English ; Antiquity thus had to be explained in the vernacular. His successors, when they united the island under their sway, didn't resort to Roman symbolism and, more generally, Late Anglo-Saxon culture experienced no Renaissance that could be compared with the Carolingian one. We shall try and explain these differences by taking political, religious, and cultural developments into account.
Abstract FR:
Plus encore que d'autres peuples du Haut Moyen Âge, les Anglo-Saxons furent fascinés par Rome, et ce, dès l'envoi de missionnaires par Grégoire le Grand. Les groupes installés dans l'île n'étaient pourtant pas les héritiers naturels de l'Empire romain, et entretinrent avec l'Antiquité romaine des rapports complexes. Durant les premières décennies qui suivirent la conversion, quelques rois se posèrent en successeurs des empereurs romains, mais ce sont surtout les « grands auteurs » (Aldhelm, Boniface, Bède) qui, à partir de la fin du VIIème siècle, firent chacun à leur manière de la maîtrise de la culture antique un élément essentiel dans la définition de l'identité anglosaxonne : il s'agissait d'ancrer ces peuples à l'Europe latine, chrétienne mais héritière de l'Antiquité, y compris païenne. Les raids vikings du IXème siècle transformèrent profondément la culture anglo-saxonne, y compris dans son rapport à l'Antiquité. Lorsqu'il entreprit de redresser son royaume du Wessex, Alfred (871-899) promut la traduction d'oeuvres latines en vieil anglais : il fallut alors expliquer l'Antiquité en langue vernaculaire. Par la suite, l'unification politique du royaume ne se fit pas sous les auspices de la symbolique romaine et, de manière générale, la culture anglo-saxonne tardive ne connut pas de Renaissance semblable à celle qui eut lieu sur le continent. Cette étude tentera de mettre à jour les raisons politiques, religieuses et culturelles de cette différence, alors même que le lien avec la Rome pontificale demeura toujours étroit.