Capitalisme régional et financement de l'industrie, région lilloise, 1850-1914
Institution:
Lille 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Why did the Lille district's specialization in textile persist during the second industrialization and why did it even get stronger in the early 20th century ? While the development in new sectors (especially electricity) was then organized and financed by Belgian and Parisian groups, the investments abroad were made on a scale never seen before. The textile industry was controled by family groups in which the entanglement of mariage alliances and a widespread mutuel indebtedness produced a strong interdependence. Eager to get organized, they created, much earlier then the 1884 law, cartels stronger than what is usually believed. United in a aggressive policy, the woolcombers of Roubaix-Tourcoing thus conquered a lasting collective monopoly. These groups, which controled the local and regional banks, took advantage of the growing competition between banks that appeared after 1880. The credit institutions conformed to the line of the local practise. The Bank of France was very generous in direct discount. Consequently : after 1895, despite the easily availability of capital, the Lille district took in a growing amount of credit coming from Paris. More than ever before, commercial credit was used to finance mid-term and long-term projects. Same ossification of the regional finance market : it strengthened its double vocation (speculation on mine shares, and exports of capital) while the few experiences in financial capitalism and industrial diversification were not satisfying or failed altogether. And yet, the specialization strategy had his limits : in the early 20th century, the autonomy of the textile industry weakened
Abstract FR:
Pourquoi la spécialisation textile de l'arrondissement de Lille se prolongea t-elle à l'époque de la seconde industrialisation, et se renforça t-elle même au début du XXe siècle ? Tandis que le développement des secteurs nouveaux (notamment l'électricité) fut alors organisé et financé par des groupes belges et parisiens, l'exportation des capitaux endogènes fut d'une ampleur inédite. Dans le textile, la place était tenue par des groupes familiaux entre lesquels l'enchevêtrement des alliances matrimoniales et un endettement mutuel généralisé tissaient d'étroites solidarités. Prompts à s'organiser, ils constituèrent, bien avant la loi de 1884, des cartels beaucoup moins précaires qu'on ne croit. Unis dans une politique offensive, les peigneurs de laine de Roubaix-Tourcoing conquirent ainsi un monopole collectif durable. Ces groupes, qui contrôlaient les banques locales et régionales, profitèrent largement de la concurrence bancaire accrue après 1880 : les établissements de crédit s'alignèrent sur les pratiques locales ; la Banque de France fût très large dans l'escompte direct. Conséquences : après 1895, malgré la pléthore des capitaux, la place absorba un volume croissant de crédits venant de Paris ; plus que jamais le crédit commercial était utilisé pour financer du moyen ou long terme. Même sclérose du marché financier régional : il renforça sa double vocation (spéculation sur les valeurs minières et exportation des capitaux) tandis que les rares expériences de capitalisme financier et de diversification industrielle furent très faibles ou échouèrent. La stratégie de spécialisation avait pourtant ses limites : au début du XXe siècle, l'autonomie du textile s'affaiblit