Le centrisme sous la Ve République de 1962 à 1976 : l'affirmation d'une force politique et la conquête du pouvoir : deux défis impossibles ?
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Defeated at the elections to the legislature in November 1962, centrists tried to create a large party, from Socialists to Christian Democrats and Liberals, a party able to compete with the Gaullism. "Centre démocrate" was created following Lecanuet's success at the presidential elections in December 1965 ; it united MRP, Independents and some Radicals near Maurice Faure, but couldn't resist to increasing influence of bipolarisation. Divergences separated centrists, as early as 1967, and appeared brightly at the presidential election in 1969. Jacques Duhamel, Joseph Fontanet, René Pleven, supported Pompidou and created "Centre Démocratie et Progrès" ; they partly succeeded in reorientating the majority in accordance with centrist ideas. On the contrary, "Centre démocrate", following Lecanuet, supported Poher and persisted in its strategy of opposition and third party. "Mouvement réformateur", due to an alliance with the Radicals November 1971, didn't succeed either in being the third political pole. 1974 all centre was united in Giscard's majority, it left both opposition and its status of independent party. May 1976 Centre démocrate and CDP merged, creating "Centre des Démocrates sociaux" (CDS). Studying evolution of centrism during the years 1962-1976, structures of Centre démocrate and CDP, specific characteristics of centrists (leaders, militants, electors), centrist ideology, local settlement and electoral geography, we can establish that centrism was, from 1962 to 1976, a real political force, based on a consistent doctrine, as a conjunction of three currents - Christian democracy, liberalism, reformist left -, based too on a specific strategy, original practices and significant behaviour. Centrists however remained for a long time divided, dispersed in several small parties. Fifth Republic's majority system didn't put an end to centrism, it only meant a modification of its place and function : bipolarity isn't a bipartite system. Thus can be substituted for the right-left-split a subtler division, which expresses better the diversity of political ideas and the variety of sensibilities.
Abstract FR:
Après la déroute des élections législatives de novembre 1962, les centristes cherchèrent à construire un large parti, des socialistes aux démocrates-chrétiens et aux libéraux, capable de s'imposer face au gaullisme. Le Centre démocrate fut créé dans la foulée du succès de Lecanuet à l'élection présidentielle de 1965, unissant au MRP des Indépendants et quelques radicaux proches de Maurice Faure, mais ne put résister au poids croissant de la bipolarisation. Des divergences apparurent entre les centristes, dès 1967, que l'élection présidentielle de 1969 cristallisa. J. Duhamel, J. Fontanet, R. Pleven soutinrent Pompidou et créèrent le CDP, réussissant en partie à infléchir la majorité dans le sens centriste. A l'inverse, le Centre démocrate, autour de Lecanuet, soutint Poher et persista dans sa stratégie d'opposition et de tiers parti. Le Mouvement réformateur, né de l'alliance avec les radicaux en novembre 1971, ne réussit pas non plus à devenir le troisième pôle. En 1974, le centre se retrouva uni dans la majorité de Giscard d'Estaing, quittant à la fois l'opposition et son statut de force autonome. En mai 1976, le Centre démocrate et le CDP fusionnèrent, créant le Centre des démocrates sociaux (CDS). L'étude du centrisme de 1962 à 1976, de ses partis, de ses hommes, de son idéologie, de sa géographie, montre qu'il constitua une force politique, appuyée sur une doctrine, à la rencontre du libéralisme, de la démocratie-chrétienne et de la gauche réformiste, fondée sur une stratégie, des pratiques et des comportements spécifiques. Les centristes restèrent toutefois longtemps divisés, éparpillés dans plusieurs petits partis. Le système majoritaire de la Ve République ne fit pas disparaître le centrisme, mais modifia sa place et sa fonction : la bipolarisation ne signifie pas le bipartisme. Ainsi peut-on substituer au clivage droite-gauche une distribution plus fine, rendant mieux compte de la diversité des idées politiques et de la variété des sensibilités.