Abstract FR:

Entre mi XIIIe et début XVe siècle, le Dauphiné, principauté alpestre, a enregistré l'arrivée d'Italiens aux compétences professionnelles diverses. L'accueil d’hommes d'affaires et de juristes italiens s'inscrivait dans un « courant migratoire » d'échelle occidentale. Le Dauphiné, territoire relativement pauvre aux capacités économiques hétérogènes, accusait aussi un retard sur le plan institutionnel qui favorisa leur installation. Aussi, les banquiers-marchands piémontais et toscans ont-ils essaimé dans la principauté à la faveur de droits d'implantation et d'exercer un commerce licite, concédés par le dauphin. Les marchands, communément appelés lombards ou florentins, ont monopolisé le marché du crédit, se superposant au réseau de tables tenues par des Juifs. Les juristes, fort d'une culture juridique éprouvée, ont participé à la modernisation du politique ainsi qu’à l'administration du Dauphiné, à l'instar des créanciers transalpins des dauphins. Puis les rapports croissants entre le dauphin, ses créanciers et ses conseillers italiens ont permis à un groupe singulier d'émerger, les Italiens du prince. La singularité de leurs implications professionnelles, assorties de privilèges, fit des Italiens des individus particuliers en marge de la société, quoique souvent intégrés à leur nouvelle communauté. En effet, toutes les modalités d'une intégration leur étaient offertes soit au sein de leur communauté d'accueil, soit aux côtés de la noblesse vassalique, suivant les itinéraires, les rapports avec les pouvoirs publics et les liens extra-familiaux. Notre étude prosopographique retrace le parcours de ces individus qui, pour certains, sont passés d'hôtes du dauphin à Dauphinois, gage d'une assimilation.