Histoire du mouvement sportif ouvrier en Bourgogne : un autre regard sur les organisations sportives travaillistes (fin des années 1930-fin des années 1970)
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Abstract EN:
After having generally and quite unanimously established the worker sport movement as a political apparatus, historians have more recently started to question the concept of worker sport as being an entirely homogenous and marginal organization caught within tight links binding it to political and union movements. A thorough study of the worker sport movement in Burgundy from the late thirties into the late seventies allows to confirm how judicious this questioning is, ad emphasizes the necessity of looking at worker sport in a new and somewhat different light. Indeed, at a regional scale, it appears that worker clubs, which depend upon dedicated light. Indeed, at a regional scale, it appears that worker clubs, which depend upon dedicated activists, are well integrated into the Burgundian reality and rely – for their functioning and their activities – on a popular rather than working-class system of values, actually enjoy autonomy from the political and union spheres on different levels. Thus, the emergence and the development of worker sports activities – also conditioned within smaller circles by the competition between different types of sports societies – seem to be owing more to the mobilisation of a few devoted individuals than to the initiatives of the regional worker movement. In the same way, while worker clubs frequently communicate with their direct environment – more particularity with the sport movement in general, the relationship they entertain with worker organisations hardly amounts to anything more than occasional contacts and has been kept mainly informal. Finally, enquiries, led at the very heart of the worker societies in Burgundy, show that if the latter constitute privileged spaces for the development of original sports habits – particularly distinct from the modalities and the legitimate conception of the practice, their activities, the human exchanges created and the motivation of their members globally remain quite free from political designs.
Abstract FR:
Après avoir bossé à grands traits, et de façon quasi unanime, le portrait d’une organisation sportive en forme d’appareil politique, les historiens remettent aujourd’hui en question l’idée d’un sport travailliste totalement homogène et marginal, enfermé dans les liens étroits qui l’unissent au mouvement ouvrier politique et syndical. Une étude du mouvement sportif travailliste bourguignon, depuis la fin des années 1930 jusqu’à la fin des années 1970, permet de confirmer le pertinence d’une telle proposition et la nécessité d’un renouvellement du regard traditionnellement porté sur le sport ouvrier. Il apparaît en effet que les structures travaillistes régionales, fortes de militants dévoués, bien intégrées à la réalité bourguignonne et reposant dans leurs fonctionnements et leurs activités sur un système de valeurs plus populaires qu’ouvrières, disposent, à plusieurs niveaux, d’une certaine autonomie par rapport à la sphère politique et syndicale. Ainsi l’émergence et la diffusion des activités sportives travaillistes, conditionnées également par les jeux de concurrence s’établissant, au sein d’espaces restreints, entre différents types de sociétés sportives, semblent devoir davantage à la mobilisation de quelques individualités qu’aux initiatives du mouvement ouvrier régional. De la même façon, tandis que les clubs ouvriers échangent fréquemment avec leur environnement direct, et notamment avec le mouvement sportif en général, les relations qu’ils entretiennent avec les organisations de travailleurs peinent à dépasser le stade de contacts ponctuels et ne sont jamais formalisées. Enfin, des enquêtes menées au cœur même des sociétés travaillistes bourguignonnes indiquent que si celles-ci constituent des espaces privilégiés pour le développement de conduites sportives originales (particulièrement distinctes des modalités et des conceptions légitimes, ou bourgeoises, de la pratique), leurs activités, les échanges qui s’instituent en leur sein et les motivations de leurs membres restent globalement peu marqués par le politique.