thesis

Mort apparente et mort imparfaite : l'incertitude des signes de la mort dans la médecine des lumières (1740-1800)

Defense date:

Jan. 1, 1987

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Institution:

Paris 1

Disciplines:

Abstract EN:

The second half of the eighteenth century saw the birth of the doctrine of the uncertainty of the signs of death within the medical sciences. The diagnostic value of traditional signs -absence of sensations and movement, cessation of heartbeats and breathing symptoms, etc. - is criticized by J. B. Winslow et J. J. Bruhier; the only sign of death that they deemed foolproof is putrefaction. This sceptical doctrine is based on a compilation of cases of apparent death and pre- mature burial which, for the most part, are derived from literary and popular traditions, are reinterpreted as "clinical cases" by J. J. Bruhier; it may also be seen as the result of a crisis within the platonic and christian model, for which death was a mere instant, that is, the instant when the soul separates from the body. On the contrary, according to the new medicine that emerged in the aftermath of the scientific revolu- tion, death was a process of progressive shutdown of the functional sub- systems. This doctrine amplifies a neurotic fear, that of being buried alive, which at that time became a fully-fledged collective phobia. It also sparked research in the new scientific fields: states between life and death, reanimation techniques, physiology of death.

Abstract FR:

La doctrine de l'incertitude des signes de la mort s'affirma dans la médecine de la seconde moitié du XVIIIème siècle. La valeur diagnostique des signes traditionnels -absence de sentiment et de mouvement, de battement du cœur et de symptômes de la respiration, etc. - est critiquée par J. B. Winslow et J. J. Bruhier; le seul signe de la mort qu'ils considèrent comme certain est la putréfaction. Cette doctrine sceptique est fondée sur un recueil de cas de mort apparente et d'inhumation prématurée qui, pour la plupart, sont hérités des traditions littéraires et populaire, et réinterprétés comme "cas cliniques" par J. J. Bruhier. Elle est le résultat de la crise du modèle platonicien et chrétien, pour qui la mort était un simple instant, soit le moment où avait lieu la séparation de l'âme d'avec le corps. Au contraire, d'après la nouvelle médecine issue de la révolution scientifique, la mort va devenir le processus d'interruption progressive des sous-systèmes fonctionnels. Cette doctrine des signes de la mort nourrit une peur névrotique, celle d'être enterré vivant, qui devient, dans ces années, une véritable phobie collective. Elle est aussi à l'origine du développement de certains domaines de recherche : les études sur les états- frontière entre la vie et la mort et sur la physiologie de la mort, et les progrès des techniques de réanimation.