thesis

« Des corps qu’on offre en spectacle à la foule » ? : Les revues du nu en France, 1902-1914

Defense date:

April 1, 2021

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Abstract EN:

Falling “from the heights of art in the mud of obscenity”: this is how the revues du nu, the first French magazines of nude photographic models (1902-1914), are qualified in 1912 by a member of a morality league. Sold as catalogues of poses for artists, the revues du nu are at the origin of an academic discourse that legitimizes the publication of nude photography. However, this justification is bitterly contested in the era of a Europe in search of moralization, and these publications are therefore subject to accusations of obscenity. Placed at the heart of a debate between art and immorality, the subject suffers from a cultural illegitimacy that will remain, throughout time, associated to them. They are, however, true reflectors of the mentalities of the time. Being collections of predominantly female nudes, the discourse they deliver through both the images and text relays the ideological constructions that dominate their society, while, perhaps, contributing to the latter in shaping them: the language used is one of a masculine, white and virile man. Bodies are posed, imposed and exposed by the revues du nu, turning them into a carnal consumer product, the pillar of a visual prostitution. In doing so, the nude magazines are the actors of a mass eroticism whose academic tradition, on which they based their argument, reaffirms their legitimacy. Objects of art and of society, they are at the heart of a history of bodies and of sexuality, a history of representations and of mentalities.

Abstract FR:

Tombant « des hauteurs de l’art dans la boue de l’obscénité » : ainsi sont qualifiées par un membre d’une ligue de vertu en 1912 les revues du nu, premières revues françaises de modèles photographiques de nu (1902-1914). Catalogues de poses à destination des artistes, ces revues sont à l’origine d’un discours académique qui légitime la publication de nus photographiques. Cette justification pourtant leur est âprement contestée et, dans une Europe en quête de moralisation, les revues du nu enchaînent les accusations d’obscénité. Placées au coeur d’un débat entre art et immoralité, elles pâtissent d’une illégitimité culturelle qui leur restera fermement associée. Elles sont pourtant de véritables réflecteurs de mentalités. Recueils de nus majoritairement féminins, le discours qu’elles livrent par l’image comme par le texte relaie les constructions idéologiques qui dominent leur société tout en contribuant peut-être à les former : le langage y est celui d’une domination à la fois masculine, blanche et virile. Les corps sont posés, imposés et exposés par les revues du nu qui en font un produit de consommation charnel, le pilier d’une prostitution visuelle. Ce faisant, les revues du nu sont les actrices d’un érotisme de masse dont la tradition académique, sur laquelle elles appuyaient leur argument, se fait vernis légitimant. Objets d’art et de société, elles sont au coeur d’une histoire des corps et de la sexualité, d’une histoire des représentations et des mentalités.