Musique à Suse et en Elam aux âges du Bronze et du Fer
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Abstract EN:
The music from earliest societies is a fascinating but poorly explored archaeological field of research. This ephemeral and intangible art par excellence leaves meager remains for archaeologists’ scrutiny. However, the remarkable discoveries of extant instruments dated from the third millennium onward, excavated in the 1920s at the Royal Cemetery of Ur, have ignited a significant interest for ancient Near-Eastern music researchers, further contributing to the emergence of an innovative perspective that came to be known as archaeomusicology.This study is devoted to the land of Elam in South-Western Iran, a region that has been neglected in Near-Eastern archaeomusicology. The main objective of this work is to propose a restitution of the Elamite instrumentarium and to identify both its evolution and its specificities while considering features with which it relates to the Near-Eastern context.Firstly, in order to set the chrono-cultural framework of this research, we have proposed a historiographic synthesis running concurrently with the current status of our knowledge about Elam. This rests on the exploration of data from early and more recent excavations, as well as from epigraphic sources. Then, the theoretical framework of the study will be defined through a presentation of the research history of ancient music, and more particularly in the Near-East, highlighting themes addressing to the musical phenomenon. This review and the assessment of the nature of the musical data available for the region – heterogeneous and disparate – permits a definition of our archaeomusicological approach. Thus, the collected corpus, mainly consisting of musical representations, led us to adopt a cross and comparative approach, combining the analysis of these iconographic sources, but also of the few remains of documented instruments, and textual sources from this region, between the Chalcolithic and the Iron Age (late 5th - mid 1st millennium BC). Most of the documentation originates from Susa, but other sites have provided musical data, which were included in our analysis (Chogha Mish, Haft Tappeh, Chogha Zanbil, Tall-i Malyan, Kul-e Farah, Arjān and Nineveh).An important part of our organological analysis lies in the classification, definition and identification of the types of instruments documented in the material culture of these sites. The detailed inventory and analysis of Susan-Elamite artifacts related to the musical sphere have therefore led to the production of a richly illustrated catalogue, which constitutes a strong basis for the study of the musical phenomenon in this cultural area. Finally, the synthesis resulting from the crossing of iconographic and historical data, and the comparison with Near-Eastern sources has lead to a restitution of the Susan-Elamite instrumentarium, highlighting its specificities and potential borrowings. These results have provided food for thought about the evolution of these instruments from a broader perspective, discussed at the end of this research. In addition to these results, and in order to contribute in a concrete way to a better understanding of the musical phenomenon in ancient Elam, we have also proposed the experimental reconstruction of a lute, the objective of which being not only the testing of hypotheses about the materials and techniques used, but also providing a reliable way to address the matter of instrumental sound dimensions in the past.
Abstract FR:
Les musiques des sociétés anciennes constituent un terrain de recherche passionnant et peu exploré dans le domaine de l’archéologie. Cet art éphémère et immatériel par excellence laisse en effet peu de traces susceptibles d’être étudiées par l’archéologue. Pourtant, les découvertes exceptionnelles d’instruments anciens, survenues dès les années 1920 dans le cimetière royal d’Ur ont suscité l’intérêt des chercheurs pour la musique du Proche-Orient ancien, participant à l’émergence d’une approche novatrice : l’archéomusicologie. Cette étude est consacrée à l’Élam, dans le Sud-Ouest iranien, région demeurée en retrait des études archéomusicologiques proche-orientales. L’objectif principal de cette étude est de proposer une restitution de l’instrumentarium élamite et d’en cerner à la fois l’évolution et les spécificités, tout en considérant les traits qui la rattachent à la sphère proche-orientale.En premier lieu, afin de dresser le cadre chronoculturel de ce travail, nous présentons une synthèse historiographique et un état des connaissances sur l’Élam, à partir de l’exploitation des données des fouilles anciennes et plus récentes, et des sources épigraphiques. Le cadre théorique de l’étude est ensuite défini à travers un exposé de l’histoire de la recherche sur les musiques anciennes, et plus particulièrement du Proche-Orient, soulignant les axes suivis pour traiter du phénomène musical. Ce bilan et le constat de la nature des données musicales disponibles pour la région – hétérogènes et disparates – permettent de définir notre approche archéomusicologique. Ainsi, le corpus rassemblé, principalement constitué de représentations musicales, nous a conduite à adopter une approche croisée et comparative, associant l’analyse de ces sources iconographiques, mais également des quelques vestiges d’instruments documentés, et des sources textuelles issues de cette région, entre le Chalcolithique et l’âge du Fer (fin du Ve - milieu du Ier millénaire avant J.-C.). La majorité de la documentation est issue de Suse, mais d’autres sites ont fourni des données musicales, pris en compte dans notre analyse (Choga Mish, Haft Tépé, Tchoga Zanbil, Tall-i Malyan, Kul-e Farah, Arjān et Ninive).Une part importante de notre analyse organologique réside dans la classification, la définition et l’identification des types d’instruments documentés par la culture matérielle de ces sites. L’inventaire détaillé et l’analyse des artefacts suso-élamites reliés à la sphère musicale ont ainsi abouti à la création d’un catalogue raisonné, richement illustré, qui constitue une base solide pour l’étude du phénomène musical de cette aire culturelle. Enfin, la synthèse issue du croisement des données iconographiques et historiques, et la comparaison avec les sources proche-orientales permet de proposer une restitution de l’instrumentarium suso-élamite, en soulignant ses spécificités et ses emprunts potentiels. Ces résultats offrent des pistes de réflexion sur l’évolution de ces instruments dans une perspective plus large, discutées à la fin de cette étude. Outre ces résultats, pour contribuer de façon concrète à une meilleure appréhension du phénomène musical dans l’Élam ancien, nous proposons également la reconstruction expérimentale d’un luth, dont l’objectif est non seulement de tester des hypothèses quant aux matériaux et techniques employées, mais également de fournir des pistes sérieuses pour aborder la dimension sonore des instruments du passé.