Religions et servitudes. Theoria, éthique, salut : origines et structure dialectique des idéologies de la servitude autour d’une île de l’océan Indien
Institution:
La RéunionDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
France finds in Madagascar, Africa and India favorable conditions which allow it to sample and set in motion enslaved, captives or destitute. This thesis aims to question the moral legitimization of these servile practices. How do discourses manage to moralize what, in essence, is immoral? All societies have produced mythico-religious speculations with a view to sacralizing their servitudes. The best way to moralize and normalize servitude is to present it as proceeding from the supernatural, from the hand of God. What emerges from religious and mythological discourse is an ideological triptych involving a dynamic two-dimensional structure: the hinterland and the real world. Any religious conception of servitude poses a degraded metaphysics of the soul and the body of the enslaved person, who demands from him an ascetic and purifying posture against the hope of an ontological improvement, an axiological elevation of the soul. : a theoria [a paradigm of otherness], an ethics [a transfiguring praxis] and a salvation [metaphysical hopes]. The genealogy of ideologies shows that they originate in the oldest religious thoughts of ancient civilizations. Ironically, some of them - especially the idea of an immortal soul - are of African descent. From a certain point of view, African eschatological thought has turned against it and despite itself.
Abstract FR:
La France trouve à Madagascar, en Afrique et en Inde des conditions favorables qui lui permettent de prélever et de mettre en mouvement des asservis, des captifs ou des indigents. Cette thèse vise à interroger la légitimation morale de ces pratiques serviles. De quelle manière les discours parviennent-ils à rendre moral ce qui, par essence, est immoral ? Toutes les sociétés ont produit des spéculations mythico-religieuses en vue de sacraliser leurs servitudes. La meilleure façon de moraliser et de normaliser une servitude est de la présenter comme procédant du surnaturel, de la main de Dieu. Il ressort des discours religieux et mythologiques un triptyque idéologique faisant intervenir une structure dynamique à deux dimensions : l’arrière-monde et le monde réel. Toute conception religieuse de la servitude pose une métaphysique dégradée de l’âme et du corps de l’asservi, qui réclame de lui une posture ascétique et purificatrice contre l’espérance d’une amélioration ontologique, d’une élévation axiologique de l’âme : une theoria [un paradigme de l’altérité], une éthique [une praxis transfigurante] et un salut [les espérances métaphysiques]. La généalogie des idéologies montre qu’elles prennent leur source dans les plus anciennes pensées religieuses des antiques civilisations. Ironie de l’histoire, certaines d’entre elles – en particulier l’idée d’une âme immortelle - sont d’origine africaine. D’un certain point de vue, la pensée eschatologique africaine s’est retournée contre elle et malgré elle.