La France coloniale et l’Église : remises en cause d’une alliance ambiguë, de 1918 au début des années 1930
Institution:
Sorbonne universitéDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
During the 1920s, France and the Holy See resumed diplomatic relations that soon came up against difficulties owing to fundamental misunderstandings about the relationships between political and religious spheres. The government sought to maintain control over religious issues and to use Catholicism so as to serve French influence abroad. For its part, the Holy See claimed complete autonomy in religious matters. This is clearly observed as far as territories belonging to the French colonial empire or under French influence—which were the main preoccupation to France-Holy See relations—are concerned. Secular laws generally didn’t apply to these territories. Church-State relations overseas remained very close, especially in areas where French authority was challenged (North Africa, Middle Est, Rhineland). In the missionaries’ minds, religious commitment was inextricably linked to the support of French expansion; however, the missionaries’ ideological divergences with the supporters of a secular and republican conception of colonization led to conflicts with colonial authorities. After World War I, the Holy See attempted to enforce deeply renewed missionary strategies, aiming both at centralizing and asserting the Churches’ local identity. These measures—particularly the promotion of native clergy, which was the keystone of the Roman strategy—led to hostility from the colonial administration and a number of missionaries. Rome sought to lead the missions to emancipate from European powers and to break the alliance between mission and colonization.
Abstract FR:
Les années 1920 sont marquées par la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. Elles se heurtent à des difficultés en raison d’incompréhensions fondamentales sur les rapports entre les sphères politique et religieuse. Le gouvernement se situe dans une logique de contrôle et cherche à utiliser le catholicisme au service de l’influence française. Le Saint-Siège, de son côté, revendique une pleine autonomie en matière spirituelle. Cela est particulièrement observable au sujet des espaces coloniaux et d’influence française, qui occupent la première place dans les relations France-Saint-Siège. De manière générale, la législation laïque n’y est pas appliquée. Les relations Église-État outremer demeurent très étroites, en particulier dans les espaces où l’autorité française est concurrencée (Afrique du Nord, Proche-Orient, Rhénanie). Pour les missionnaires, l’engagement religieux est intrinsèquement lié à la cause de l’expansion française, même si leurs divergences idéologiques avec les tenants d’une conception laïque et républicaine de la colonisation conduisent à des conflits avec les autorités coloniales. Après la Première Guerre mondiale, le Saint-Siège tente d’imposer un renouvellement profond des stratégies missionnaires, qui s’inscrit dans un double mouvement de centralisation et d’affirmation de l’identité locale des Églises. Ces mesures – en particulier la promotion des clergés autochtones, clef de voûte de la stratégie romaine – suscitent l’hostilité de l’administration coloniale et de certains missionnaires. Rome cherche à émanciper les missions à l’égard des puissances européennes et à rompre l’alliance entre mission et colonisation.