Renseignements et services de renseignements en France pendant la guerre de 1914-1918 : 2ème bureau et 5ème bureau de l'Etat Major de l'Armée. ; 2ème bureau du G.Q.G. (section de renseignement, section de centralisation des renseignements) : évolutions et adaptations
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
On August, 1914, the French Intelligence Services knew German war plans, but intelligence specialists went against Joffre's scepticism. With the beginning of Trench Warfare, the French High Commander wished to inquire about enemy casualties, but also economic and political situation or morale in Germany. New techniques helped to control information gathered by Human Intelligence. The Secret Service imposed Telegraphic then Postal control, initiated an allied cooperation dealing with Intelligence Warfare. On 1915, new spying methods appeared, including use of planes to shake off enemy defences. Cooperation with Belgian and British Intelligence Services created preference conditions for spying. The Great War, which was a Total War, developed new kind of services dealing with Economic Intelligence. Propaganda and Psychological Warfare were developed as well, both on frontline and inside Germany. Counter-Intelligence was strengthened too, but the mutiny crisis of 1917 showed the danger of it when used against Brothers of Arms. At the end of World War I, implication of some officers belonging to the Secret Service in high treason trials tarnished their reputation. French Intelligence gathered many independent and rival services, but working all together to facilitate military victory on Germany and its Allies. Two distinct but complementary branches coexisted in France: one created by the “Etat-Major de l'Armée”, and the other by the “Grand Quartier General”. Among the three French High Commanders, Pétain was remarkable by the clever use of intelligence he made, in order to spare soldiers' blood. Supreme Commander of Allied Forces, Foch used it as well to lay Ludendorff low. From 1914 to 1918, French Intelligence proved its high capacity to innovate. W. W. I created favourable conditions to experiment new techniques, which were used after 1918 to develop the future “Special Services” of W. W. II. Thanks to a skilful mixing of consideration and improvisation, but also with the wish of gathering clever and firm individualities, French Secret Services really contributed to defeat Imperial Germany.
Abstract FR:
En 1914, la France était bien renseignée sur la forme que prendrait l'agression allemande, mais les spécialistes du renseignement se sont heurtés au scepticisme du haut commandement. Avec le début de la guerre de tranchées, ce dernier désira connaître l'ordre de bataille adverse, l'état des pertes et la situation économique, politique ou morale en Allemagne. Des techniques nouvelles apparurent, servant à recouper les renseignements obtenus par voie humaine. Les S. R. Obtinrent la mise en place du Contrôle télégraphique puis postal, comme ils échafaudèrent une coopération interalliée en matière de renseignement. Les procédés employés par les agents ont connu une évolution continuelle tout au long de ces cinq années. Pour s'affranchir des contraintes de la guerre de positions, la dépose d'agents par avion a vu le jour en 1915. La coopération avec les réseaux de résistance belge et l'Intelligence Service a permis d'étendre les possibilités de l'espionnage à un niveau inégalé jusqu'alors. La Grande Guerre, guerre totale, fut aussi l'occasion de mettre sur pied des organes de recherche spécifiquement prévus pour la lutte économique ; enfin, l'aspect psychologique et propagandiste n'a pas été oublié, tant sur le front que loin derrière les lignes ennemies. Le contre-espionnage se développa également. Néanmoins, la crise des mutineries de 1917 a montré le rôle déplaisant que peut jouer un S. R. Quand il se tourne contre ses frères d'armes. L'implication de certains personnels des services secrets dans l'instruction des procès de trahison a achevé de ternir leur réputation. Le renseignement français était constitué d'une nébuleuse d'organismes, indépendant les uns des autres et parfois rivaux, mais qui tous tendaient vers un seul objectif : faciliter la victoire sur les Puissances centrales. Coexistaient deux univers bien distincts mais complémentaires : d'un côté, la branche créée et développée par l'E. M. A. , et de l'autre, celle créée par le G. Q. G. Au final, des trois généralissimes, ce fut Pétain qui tira le mieux parti de l'usage du renseignement ; il le fit avec intelligence, pour économiser la vie des soldats. Généralissime des armées alliées, Foch sut également s'en servir pour terrasser son adversaire. Parti de rien - ou d'à peu près rien - si l'on compare ses structures en 1918, le renseignement français a montré sa forte capacité d'innovation. Le conflit fut l'occasion d'expérimenter de nouvelles techniques d'action, lesquelles fixèrent peu à peu les règles en matière de guerre secrète, lesquelles permirent ensuite la naissance des services " spéciaux " de la Seconde Guerre mondiale. Par un habile mélange, fait de réflexion et d'improvisations, par la volonté de s'appuyer sur des personnalités marquées, les S. R. Ont contribué très largement à vaincre l'Allemagne de Guillaume II.