Les élites grenobloises de 1760 à 1848 : recherches sur un groupe social en transition
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Lyon 2Disciplines:
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Si la haute société grenobloise de la période moderne est désormais mieux connue grâce aux travaux de Maurice Virieux, de Clarisse Coulomb, de Pierre Léon et de Robert Chagny, nul ne s'est encore avisé de mesurer la persistance des milieux dominants de l'Ancien Régime dans la capitale des Alpes durant le premier XIXème siècle, ni l'impact et les implications sociales, à Grenoble, des révolutions qui bouleversent de fond en comble les structures sociales de la France durant cette période. Une haute société nouvelle est-elle née à Grenoble au crépuscule de l'absolutisme ? Quelles furent les origines de la bonne société grenobloise contemporaine ? Lentes à se dessiner, les transformations qui affectent le haut du pavé grenoblois au temps de Stendhal se réalisent en trois phases et concernent trois générations de notables. De 1760 à 1788, les noblesses grenobloises apparaissent puissantes, riches - du moins à l'échelle dauphinoise - , influentes, et elles dominent la société locale malgré un relatif éloignement des centres de décision parisiens. La dislocation de l'Ancien Régime en 1789 et la disparition du Parlement de Dauphiné, puis la radicalisation de la Révolution affaiblissent les noblesses sans les détruire, ce qui permet à l'aristocratie des Lumières de profiter de la stabilisation napoléonienne et de la Restauration. Parallèlement, les révolutions de 1789 et de 1830, puis la disparition définitive de la noblesse grenobloise à partir de 1820 offrent des chances uniques d'ascension sociale aux familles de la bourgeoisie d'Ancien Régime. Ces négociants, ces propriétaires fonciers, ces avocats et ces magistrats, surtout, contemporains d'Henri Beyle et des frères Champollion, s'imposent à la tête de la cité, baignant alors dans l'atmosphère romantique. L'ancienne roture grenobloise profite ainsi des transitions en cours. Notre travail tente donc d'expliciter la naissance de la modernité à Grenoble lors du premier XIXème siècle : une modernité qui s'enracine dans le terreau social de l'Ancien Régime, mais dont nous sommes les héritiers lointains.