Les territoires de la commémoration : une conjoncture de l'identité : le bicentenaire de la révolution française (1989)
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
To commemorate is not only to recall a glorious or original past; it is the possibility for a communauty to express, consolidate or reveal what binds it. The bicentenary distinguishes itself almong all ceremonies by showing how difficult it is today for the French nation to find a new speech replacing the idea of the nation's identity, to wide to keep its attractiveness. This is why there now is a local creation of smaller concepts which reconstruct an identity, able to fit our present. It is done outside out of any theology, ruling the idea nation but with the hope of a new socialization and type of community. The local expansion provoques a new conception of time, using the past to justify the present, due to the absence of any clear future. Thus, the bicentenary indicates the new management - impossible nation wide without the play on national stereotypes introduced by J. P. Goude - of aesthetics and politics in which the process to use art is being accused of being directed , but is also invided to promote and settle locally the feeling of being part of one big fraternity divided into a multitude of little islands. The methodology of this report is clearly pragmatic. Its basis is the analysis of the speeches of well-known people, the amount of money invested by "regions" or municipalities, the going-through of poll covering 10 744 "communes" each having less than 10 000 inhabitants, on the study of the remarks of the local actors, the description of the celebration , and, finally, on two global interviews done in 1988 and 1989.
Abstract FR:
Commémorer n'est pas seulement remémorer un passé glorieux ou fondateur c'est, d'abord, l'occasion pour une collectivité de manifester, d'affermir ou d'instituer ce qui lui permet de "tenir ensemble". Le bicentenaire se singularise au sein du continuum commémoratif révolutionnaire en ce qu'il révèle la difficulté de la société française contemporaine à trouver un discours substitutif à celui de l'identité nationale frappe par le discrédit qui affecte les "grands récits". Cette configuration se traduit par l'éclosion, au niveau local, d'une multitude de "petits récits" qui essaient de constituer une identité renouvelée, en dehors de la téléologie régissant le récit national, et qui s'inscrivent entre une recherche de sociabilité et la tentation communautaire. Cet éclatement s'exprime, aussi, au travers d'un réajustement de l'articulation des temps qui, faute d'un avenir clairement conçu, utilise le passe pour donner une épaisseur au présent sans le surcharger d'un sens en déshérence. De ce fait, le bicentenaire manifeste une nouvelle gestion des rapports entre esthétique et politique dans lesquels l'esthétisation est, à la fois, suspecte d'être le vecteur de manipulations - elle est impossible au niveau national sans le jeu sur les stéréotypes nationaux propose par J. P. Goude - tout en étant convoquée, au niveau local, pour promouvoir et enracine r le sentiment d'un être-ensemble redimensionne aux territoires locaux. La méthodologie de cette recherche est résolument pragmatique. Elle se fonde sur l'analyse des discours des "grands acteurs", sur une approche quantitative des budgets investis par les différentes collectivités locales, le dépouillement d'une enquête par questionnaire portant sur 10 744 communes de moins de 10 000 habitants, sur une étude qualitative des justifications des acteurs.