Cinéma baroque
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Pas de résumé disponible.
Abstract FR:
L'epoque baroque represente, pour le cinema, une origine fantasmee, qui l'inscrit dans la famille des techniques de projection d'ombres. Elle lui a legue une invention, la lanterne magique, mais, plus encore, elle l'a peut-etre reve. Mais le cinema n'est pas devenu ce grand art de l'illusion qu'elle avait imagine. Invente au 19eme siecle, il repond a un desir d'apprehender le reel par la trace objective qu'en capte la photographie, et par sa reproduction en mouvement, et dans la duree. Pourtant, certains cineastes ont revendique cette filiation avec le baroque. L'objectivite photographique, pronee par le realisme, leur semble un leurre, la representation du reel par la narration classique une erreur. Ils entendent les depasser, en montrant que l'image cinematographique est un simulacre. Le baroque leur fournit plusieurs metaphores de cette idee (l'ombre, le reflet, l'artifice, les metamorphoses de l'apparence, le monde comme spectacle, la maniere, le mensonge), et des personnages pour l'incarner (le demiurge, le magicien et l'alchimiste, l'acteur, le spectateur, le rhetoricien, le menteur). Ils ne renoncent pas, pour autant, au reel, mais en proposent une autre approche. Le reel s'offre dans son incommensurable diversite et dans son equivocite constitutive. L'image cinematographique, si l'on ne cherche pas, vainement, a l'epurer, et si l'on ne la soumet pas au conflit central de la narration classique, peut rendre compte de cette diversite, sans jamais en venir a bout, puisqu'elle est infinie. Par une operation, plastique et narrative, de remplissage, les baroques explorent l'infiniment petit (le fourmillement dont nos sensations sont constituees, aboutissant a une strategie ornementale), l'infiniment grand (la diversite des choses, leurs melanges, leurs contradictions), l'infinie variation de l'univers (les mouvements et variations de points de vue), les infinies possibilites d'existence des mondes imaginables, avec, toujours, la conscience de la vanite de la pretention de l'homme, etre marque par la finitude, a connaitre un univers infini.