Les manifestations de rue en France : 1918-1968
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The parliamentary system deprives the street demonstration of all legitimacy. Therefore, "street demonstration" is not in France a constitutional right. Nethertheless, we have collected 15000 street demonstrations all around the country between 1918 and 1968, without any interruption, even during the German occupation. Every political party, from the left to the right, every association, every component of French society, every agglomeration was concerned. Furthermore, street demonstrations may played a decisive part in some of the main political or social French crises, in 1934 and 1968 mainly. The probleme raised by their history is to understand how they have succeeded in compelling recognition and, occasionally, in becoming of central importance in the French political system. This dissertation aims to shows that they are a substitute for lost practices of sociability, a way of social and political integration but, mostly, a political action. Its original features can't be understood without taking into account the French Revolution, its relations with street action, and the political system. The dissertaion analyses their process of "nationalization" and "naturalization". It shows how they express the integration in the national culture of people taking part in such events, how street demonstrations were able to become a way of regulation of the political system, how they were integrated by a political system and how this system was affected by them. It considers street demonstration as a symbolical substitute for the vanishing revolution, a mobilizing social myth replacing the general strike.
Abstract FR:
La manifestation de rue n'est pas un droit constitutionnel, non institutionnalisée, elle acquiert tardivement un statut juridique, n'a pas d'espace attitré et, longtemps, pas de vocable spécifique. Cette pratique dont l'usage est rarement formalisé, minoritaire, antinomique au système parlementaire et sans statut est pourtant répandue (15000 manifestations recensées de 1918 a 1968) et permanente (sous l'Occupation y compris). Son extension sociale, politique et géographique est presque sans rivage et elle a su s'imposer comme routinière autant que capable d'infléchir, à l'occasion, le cours de l'histoire nationale. C'est de ce paradoxe qu'il s'agit de rendre compte. La manifestation, comprise comme le subits tut de modes de sociabilité en déclin, relève de l'anthropologie. Mais elle est d’abord et avant tout un objet politique, surdéterminé par le rapport que la Révolution française entretint avec la rue et unifiée par le système politique par et dans lequel elle s'est constituée. Elle est un rapport entre une multiplicité d'éléments, une interaction nécessaire entre les cultures populaires, l'histoire nationale, celle des organisations et des pratiques institutionnelles et se donne à ce titre pour une voie d'accès pertinente pour l'étude des cultures politiques. La thèse étudie son processus de "nationalisation" puis de "naturalisation". Elle montre comment cette forme d'action codifiée exprime l'intégration des forces qu'elle organise à la culture nationale, comment elle a su s'imposer comme un élément de régulation du système politique ou de certaines crises sociales, progressivement pris en compte et "digéré" par le régime mais, à terme, le modifiant. Elle y voit le substitut symbolique à la révolution dont la perspective évanouie ne peut plus fonctionner comme mythe social mobilisateur.