Abbas Kiarostami : le cinéma revisité : comment, en recomposant et réinterprétant des éléments appartenant à des champs divers de la philosophie et de l'art, les films du cinéaste iranien articulent présent et passé, Orient et Occident au sein d'un mode de récit et de représentation fondé sur un syncrétisme singulier qui s'apparente à d'autres formes cinématographiques contemporaines fondées sur l'épure
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This research, by trying to understand better why the work of the Iranian filmmaker Abbas Kiarostami is so closed to us, has to give precise definition, through the study of his own style, of the invisible connections linking his films with contemporary cinema, art and philosophy. From philosophical Postmodernity to Hermeneutics, from Italian Neorealism to the recent minimalism in art and cinema, these connections will be questioned one by one, by trying to give the most precise field from which each of them is coming from or going to. After having described as precisely as possible these fields and the mechanisms that create this unexpected and familiar syncretism inside Kiarostami's films, a new thought emerges : How is it possible to make cohabitation of antic conception and modernity, of eastern and western cultures inside the same artistic world ? How can these elements stay together inside a permanently recomposed production, mixing cinema, video, photo, theatre and poetry ? Is this evolution of the work of Kiarostami not taking the risk of loosing its own identity by taking more and more distance with its original references ? We will answer to these questions without pretending to conclude, especially as we have to take as an account that the work of Kiarostami is still continuing its own way, as most of its main characters are doing, by following a zigzag and unfinished path.
Abstract FR:
Chercher à comprendre ce qui nous est si proche dans l'œuvre du cinéaste Abbas Kiarostami nécessite de s'interroger, à travers l'étude précise de son style, sur les liens invisibles qui relient ses films à la pensée et au cinéma contemporains. De la philosophie liée à la "fin de la modernité" à l'herméneutique philosophique, du néoréalisme italien au cinéma de l'épure de la fin du XXe siècle, les parentés sont soumises à l'épreuve de l'analyse, en cherchant à mieux cerner chacun des champs auxquels elles font écho. Pour autant, il s'agit aussi de ne pas occulter les référents incontestables que cette œuvre contient, en rapport avec la culture iranienne contemporaine ou issus de l'art et de la philosophie persane ancestrale : Des poèmes mystiques aux miniatures, les passerelles sont nombreuses et sujettes à recomposition et interprétation. Une fois mieux délimités les frontières et les liens, une fois définis les mécanismes qui constituent ce syncrétisme aussi inattendu que familier, une nouvelle réflexion se fait jour : Comment, au sein d'une même œuvre cinématographique, peut-on faire cohabiter l'ancien et le moderne, l'Orient et l'Occident dans une recherche en permanente recomposition mêlant films, installations, vidéos, théâtre, photos et poésies ? Ce mouvement inhérent à l'œuvre, dans ce qu'il se détache peu à peu de ses référents initiaux, ne risque-t-il pas d'y perdre sa substance ? C'est vers ces questions qu'il s'agit de s'orienter sans pour autant prétendre y répondre de manière défifnitive, notamment parce que l'œuvre, rappelons-le, poursuit son chemin telle la voiture serpentant sur la route en zigzag qui sert de motif à nombre de films de Kiarostami.