Abstract FR:

Cette thèse est une étude critique des écrits de René Clair. Elle s'organise en trois parties : dans un premier temps, on s'est intéressé aux fragments de mémoires interrompus, ainsi qu'aux textes ou le cinéaste évoqué le paysage culturel de ses jeunes années. . . On s'est par ailleurs propose de retracer son "entrée en littérature", en analysant les poèmes et récits qui accompagnent son baptême du feu sur le front, puis ses premiers articles à l'intransigeant : qu'il y parle de Proust, de Malherbe ou de l'actualité immédiate, il dessine les prémisses d'un néo-classicisme qui n'ose pas encore dire son nom. Cette poétique de la demi-mesure et de la dérision de l'avant-garde, c'est dans ses chroniques cinématographiques qu'elle va se déployer : la seconde partie en présente toutes les étapes et les contradictions - à partir de l'animation de la revue films, où le jeune cinéphile appelle de ses vœux un retour aux sources de l'écran muet, une image-langage délivrée des prétentions rhétoriques, une "fantaisie lyrique" qui rendrait le film à son état d'enfance et de mouvement perpétuel. . . Discours qui va bientôt se désenchanter en marge des rêves déçus du cinéaste, et rentrer dans l'ordre de scrupules législateurs ou d'une méticuleuse autocritique de ses réalisations. Cette relation ambivalente d'un écrivain virtuel avec un cinéma en devenir, une troisième partie l'explore via d'ultimes chemins de traverse : les scénarios non tournés, les romans publiés comme autant d'exercices d'une virtuosité théorique, les textes enfin dont s'entoure l'élection à l'académie française. . . Au bout du compte, on voit se dessiner la figure d'un auteur de films en négatif, qui aura joué le rôle essentiel d'un passeur pour un cinéma français encombre d'influences littéraires - mais qui n'aura pu le faire qu'à rebours, en projetant sur l'écran la reconstruction fétichiste d'un temps perdu et la répétition perverse d'un verbe éternel.