thesis

Les frontières de l'exil, ou les figures et territoires de l'étranger

Defense date:

Dec. 17, 2019

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Institution:

Paris 3

Authors:

Abstract EN:

This doctoral dissertation, entitled The Borders of Exile: Figures and Territories of Foreignness, reinterprets the notion of the border as an expanding territory of estrangement and seclusion in the aftermath of colonialism and the Shoah, in an era characterized by global market economies. While allegedly situated beyond racial and sexual hegemonic claims, Selim Rauer shows how this globalized economy, in fact, recreates or intensifies a concept of “zone(s)” --as defined by Frantz Fanon in Les damnés de la terre, 1961--that draws centers and margins, and establishes sites of domination structured by a historical and political unconscious. At the core of this unconscious lies the figure of the enemy or the adversary. The latter is an essential biopolitical and theological representation of otherness and foreignness through which a specific border definition can be established as limit rather than hyphen. Thus, in this project, Rauer scrutinizes a multidimensional literary corpus comprised of works by figures such as Jean Genet (1910-1986), Patrick Modiano (1945), Bernard-Marie Koltès (1948-1989), Koffi Kwahulé (1956), Marie NDiaye (1967), Wajdi Mouawad (1968), and Léonora Miano (1973), each of whose works investigate a certain definition and practice of power and sovereignty as part of an ethical and moral reflection on “evil,” or as Rüdiger Safranski defined it, as the moral and ethical burden that accompanies the practice of freedom (Evil, or the Drama of Freedom, 1997).

Abstract FR:

Cette thèse de doctorat, intitulée « Les frontières de l’exil : figures et territoires de l’étranger», vient questionner les notions de frontière et d’exil dans les périodes postcoloniale et post-Shoah. Ces notions sont ici caractérisées comme des territoires à la fois spirituels, politiques, symboliques, et économiques, dans lesquels une expérience de la domination est vécue, souvent subie, par des individus ou des groupes stigmatisés par leur origine ethnique, leur sexe, leur culture, ou leur condition socio-économique notamment. En me rattachant à superstructuration politique, culturelle, et historique de cette expérience de la domination, Selim Rauer tente de montrer comment, dans les ères postcoloniale et post-Holocauste, une économie mondialisée recrée ou intensifie en fait le concept de « zone (s) » - telle qu’il a été défini par Frantz Fanon dans Les damnés de la terre, 1961 – générant ainsi des centres et des marges permettant d’établir des espaces culturels et géographiques procédant d’une généalogie raciale, sexuelle venant soutenir des dynamiques économiques qui dérivent de la théologie politique, comme c’est le cas du néolibéralisme et de l’ultralibéralisme aujourd’hui. La figure de l'ennemi (ou celle de l'adversaire) est au cœur de ce système de pensée. L’ennemi est une représentation biopolitique et théologique essentielle dans une réflexion productive liée à l’altérité, à la figure multiforme de l'étranger, à travers laquelle une conception spécifique de la frontière peut être établie comme limite ou division, plutôt que comme trait d'union. Cette réflexion procède de la lecture et de l’analyse d’un corpus littéraire français et francophone alliant à la fois le roman, le drame, le récit et l’essai de 1945 à aujourd’hui. Les œuvres de ce corpus littéraire sont issues d’écrivains tels que Jean Genet (1910-1986), Patrick Modiano (1945), Bernard-Marie Koltès (1948-1989), Koffi Kwahulé (1956), Marie NDiaye (1967), Wajdi Mouawad (1968), et Léonora Miano (1973). Chacune de leurs œuvres regroupées ici donne à voir une certaine expérience du pouvoir, de l’aliénation, de la souveraineté et de la biopolitique dans un cadre éthique et morale qui inévitablement met en lumière et sonde le « mal ». Un mal qui, comme l'a exprimé Rüdiger Safranski, dérive d’une certaine pratique de la liberté (Le Mal, ou le théâtre de la liberté, 1997/1999).