Da palavra à cena e da palavra em cena : dramaturgias do absurdo em França e em Portugal
Institution:
Paris 8Disciplines:
Abstract EN:
The main question that underlies this research is the brige between the written word and the theater stage in absurd dramaturgies from France and Portugal. In the French case we propose to study the dramaturgical itineraries of Ionesco and Beckett, through sets of thematic approaches which seem fundamental in the stage re-creation of their texts. In the Portuguese case we aim to look at the theater's political and legislative structure under the Estado Novo dictactorship, in order to better grasp the context in which the main representatives of the absurd movement saw their work asphyxiated by state censorship. We will try to understand the continuity of absurd theater today, by analyzing a set of recent stagings of some of these written works in France, as well as observing the reality of Portuguese absurd theater after the establishment of democracy in 1974. By confronting these two different contexts we will try to demonstrate the importance of both recreating the absurd dramaturgies of the French stage, and counteracting the invisibility of the Portuguese reality.
Abstract FR:
Les dramaturgies de l’absurde en France et au Portugal se caractérisent par des mouvements artistiques d’avant-garde, pendant les décennies de 1950 et 1960, dans le sens où les auteurs s’opposent aux systèmes sociaux et politiques de leur époque, en proposant de nouvelles perspectives pour envisager le monde. Le fait que ces dramaturgies se maintiennent en scène nous amène à une interrogation essentielle : quelle est l’importance de la transposition du contenu du texte pour l’espace scénique dans ce genre de dramaturgie ? Dans la première partie de notre étude nous analysons les origines de la dramaturgie de l’absurde en France, tout en réfléchissant sur la polémique qui s’est engendrée autour de la terminologie. Nous nous penchons ensuite sur l’œuvre dramatique de Ionesco et de Beckett. Le choix de ces deux dramaturges se justifie par le fait qu’ils sont devenus les noms les plus emblématiques et avec le plus de visibilité dans la recréation de l’absurde dans l’espace français. En ce qui concerne l’œuvre de Ionesco, nous nous proposons de réfléchir sur les binômes mémoire et amnésie dans l’espace scénique. Chez Ionesco, le jeu de la mémoire et le cours du temps ne cesse pas de préoccuper les personnages qui, loin de se résigner, réagissent contre les blancs de mémoire. La mémoire est représentée ou évoquée en scène par une multitude d’espaces scéniques. La mort est concrétisée sur scène et le poids du temps se fait ressentir. Avec Beckett, le temps semble cristallisé et l’espace est minimisé. Dans ce sens, nous nous proposons d’analyser la façon dont nous pouvons observer dans sa dramaturgie un parcours qui part de la représentation d’un parler incessant accompagné d’un état d’immobilité, pour arriver finalement à la représentation de l’épuisement du langage accompagné par le mouvement incessant. Ce parcours beckettien sera illustré par le fait que nous observons chez les personnages, le passage d’un état de dualité à un état de spectres. De notre point de vue, les thématiques choisies pour analyser l’œuvre des deux auteurs rendent compte des parcours différents de l’absurde ontologique qui nous permet de les rapprocher. Il nous semble aussi qu’il s’agit des thématiques fondamentales pour les transpositions scéniques. Le théâtre de l’absurde au Portugal suit clairement l’influence de l’absurde français, sachant que la France constituait alors une source culturelle d’inspiration artistique. Nous dégageons une ligne commune d’identification liée à l’après-guerre, à l’éclosion des avant-gardes européennes et à la récupération des mouvements artistiques qui ont surgi dans le contexte de la Première Guerre, tels que le Surréalisme et nous rendons compte aussi d’une déviation : le théâtre de l’absurde au Portugal a aussi été une stratégie pour échapper à la censure. Si le théâtre de l’absurde en France s’est caractérisé par une avant-garde aux feux de la rampe, le théâtre de l’absurde au Portugal a été caractérisé par une écriture muette, traumatisé par la censure de l’Etat nouveau, qui a bloqué le passage du texte à la scène. Il est très curieux de s’interroger sur les raisons qui ont motivé la censure pendant la dictature portugaise à être plus rigide vis-à-vis la dramaturgie nationale, qu’elle ne l’a été envers les auteurs étrangers. Pour éclaircir ces questions, la deuxième partie de la thèse portera sur l’analyse de la dramaturgie portugaise. Nous dresserons le panorama théâtral pendant la dictature de l’Etat nouveau au Portugal et présenterons les différents parcours des auteurs faisant l’objet de la censure politique. Nous cherchons à observer la façon dont le langage codifié de ces dramaturges surgit comme une évocation des auteurs français et comme subversion politique. Ce fait souligne le pouvoir critique du théâtre de l’absurde, un nonsense qui produit du sens. Il faut aussi s’interroger sur les causes de la censure des représentations des textes, alors que leur publication était autorisée. Nous pouvons alors observer d’une façon plus claire en quel sens l’effet immédiat du spectacle peut dénoncer l’espace social plus efficacement que le texte qui le précède. Si le théâtre de l’absurde en France s’est défini par une présence constante en scène, le théâtre de l’absurde au Portugal est banni de la scène. Nous nous proposons d’observer le lieu du théâtre de l’absurde, dans son passage à la scène. Nous étudions les recréations françaises les plus récentes et les voies des dramaturges portugais après la fin de la dictature en 1974. Ainsi, la troisième partie de ce travail propose une réflexion sur l’importance de la recréation scénique dans le contexte du théâtre de l’absurde. Cette étude nous permettra de mieux comprendre les voies possibles pour contrarier le mutisme du théâtre portugais et les parcours d’un théâtre canonique, bloqué par la tradition, dans le cas français.