Identité(s) et territoire du théâtre politique contemporain : le Groupe Merci, le Phun, le Théâtre du Radeau et Claude Régy
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
How to define the identity - or the identities - of the contemporary political theater and where are the borders of its territory ? We shall discuss the notion of political and try to rehabilitate it in a different way than a synonym of dogmatic. Our conclusions reveal that the contemporary political theater does not reflect politics but questions it. It takes particular care to display the limits of the politics - of its omnipotence or of its negation -, and to show how the politics tries to eliminate the political. As French representatives of this theater, , the Groupe MERCI, the PHUN, the Théâtre du RADEAU and Claude REGY build a non-dogmatic and, thus, deeply subversive theater. They carry out an esthetic revolution by changing the order of the theatral representation and particularly the relation between the speakable and the visible. The territory of the contemporary political theater rallies the forms which inflect the spectator's perception and consider him not as a simple member of the audience but as a poet. This theater allows the spectator to be in touch with Reality without reducing or controlling it. Thus, it belongs to this Art described by Godard when he said that « Art let you go back and see Sodome and Gomorrhe without dying »(Godard, J. L. , entretien avec D. Pana et G. Scarpetta, Art Press, numéro spécial Godard, février 1985).
Abstract FR:
Comment définir l'identité - ou les identités - du théâtre politique contemporain et quelles sont les limites de son territoire ? Notre démarche est guidée par le désir de réhabiliter le terme politique en le sortant de ses acceptions héritées des années soixante-dix, c'est-à-dire le politique pensé comme dogmatique. Repenser le politique afin de le rétablir dans son sens noble d'« agir ensemble ». Concevoir le théâtre non pas comme ce qui réfléchit la politique mais, au contraire, comme ce qui la troue. Il ressort de notre réflexion que le théâtre politique contemporain s'attache à montrer les limites de la politique - de son omnipotence ou de sa négation -, et de ce qui fait que la politique s'évertue à éliminer le politique. En tant que représentants de ce théâtre en France, le Groupe Merci, Le Phun, le Théâtre du Radeau et Claude Régy bâtissent un théâtre anti-dogmatique, et par-là même, profondément subversif. Ils opèrent une révolution esthétique en bousculant, selon des démarches très différentes, l'ordre de la représentation, ordre qui se définit essentiellement par un certain rapport entre le dicible et le visible. Ainsi, dans le théâtre du Groupe Merci et celui du Phun, la parole ne fait pas voir. Elle est ce qui tient le spectateur en éveil et l'empêche de se simplifier. Chez Claude Régy et François Tanguy, la parole - devenue oraculaire - fait passer le spectateur de l'ordre du visible à celui du visuel. Le territoire du théâtre politique contemporain regroupe donc les formes théâtrales qui, en altérant la perception du spectateur, s'adressent à lui non pas comme à un membre du public - en tant qu'ensemble connu à l'avance - mais comme à un poète. Un tel théâtre nous paraît nécessaire parce qu'il permet à l'individu d'établir un contact avec le Réel sans jamais le réduire ni le maîtriser. Il appartient ainsi à cet art dont parle Godard lorsqu'il dit que « l'art c'est ce qui vous permet de vous retourner en arrière, et de voir Sodome et Gomorrhe sans mourir»(Godard, J. L. , entretien avec D. Pana et G. Scarpetta, Art Press, numéro spécial Godard, février 1985).