La réinvention de l'espace et du temps dans le théâtre symboliste
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Symbolist theatre, as it developed in France and Belgium towards the end of the nineteenth century (1890- 1900), ventured towards a renewal of play-writing. The theorizing discourse of the authors is characterized by a denial of the real and a reassessment of the poetic which remains often vague ; yet their plays stand as tokens of a richness which transmutes their idealist reaction into a genuine reinvention of space and time marked by a concern for discontinuity and plurality. While addressing the modem transformations of the notions of space and time, the symbolist cosmos thus reactivates the medieval pattern of space (part one). This generates a poetics of relavity which jeopardizes dramatic forms, and which the symbolists set out to transcend along two main paths: that of the dramatic structure of wander on the one hand, seen as a tentative process of inventoring the multiple loci of the cosmos, which ceaselessly comes up against some sense of infinity overflowing the structure of the drama, thereby pointing to its incompleteness, or to its fragmentation (part two); and, on the other hand, the path of the short form, governed by a desire to embrace and to possess the invisible, which, on its part, is necessarily bound to come up against (and acknowledge) the irreducible chasm that cuts it from the being (part three). Studying the formal contradictions inherent to symbolist drama thus allows us to address its inscription within the larger frame of the revolutions in drama at the turn of the century, and especially the essential role which this theatre played in the process of setting drama in jeopardy.
Abstract FR:
Le théâtre symboliste, qui s'est développé en France et en Belgique à la fin du dix-neuvième siècle et tout particulièrement dans la dernière décennie (1890-1900), a fait le pari de renouveler l'écriture dramatique. Si le discours théorique des auteurs se caractérise par un rejet du réel et une réévaluation souvent vague du rêve et de la poésie, leurs textes dramatiques témoignent d'une grande richesse qui transforme leur réaction idéaliste en une véritable réinvention de l'espace et du temps dominée par une pensée de la discontinuité et de la pluralité. Le cosmos symboliste, tout en rendant compte des transformations modernes affectant les représentations de l'espace et du temps, renoue ainsi avec la configuration médiévale (première partie). Il en découle une poétique de la relativité qui met en crise la forme dramatique et que les symbolistes proposent de résoudre par deux voies essentielles : la voie de la dramaturgie itinérante, pensée comme inventaire des lieux multiples du cosmos mais toujours en butte à une conscience de l'infini qui déborde le drame et qui désigne son incomplétude, voire sa fragmentation (deuxième partie), et la voie de la forme brève, orientée par un désir de possession de l'invisible mais nécessairement vouée a reconnaitre son irréductible espacement à l'être (troisième partie). L’analyse des contradictions formelles du drame symboliste permet des lors de penser son inscription dans l'ensemble des bouleversements du théâtre du tournant du siècle, et notamment son rôle essentiel dans la mise en crise du drame.