Du Rouergue carolingien au Rouergue féodal (IXe - XIIe s. )
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Toulouse 2Disciplines:
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Abstract EN:
This thesis intends to specify the modalities of the passage from Carolingian society to feodal society. That problem has been renewed by several works on the southern countries, but has hardly been approached in Rouergue -a relevant framework, comparatively spacious, well and diversely documented : more than 2. 500 charters before 1200, some remarkable hagiographical and literary texts (saint Foy's miracles, songs of saint Foy). This documentation allows to test the validity of the « mutationist » model, which is contested since a dozen of years. The chronological limits (from 801 to 1214) lead to a threefold plan : an analysis of Carolingian society, the crisis of the Year 1000, the study of feudal structures. The Carolingian Rouergue was primarily a « pagus ». The counts of Toulouse-Rouergue imposed regard for a public order based on Roman law. This « legalism » allowed coexistence between a domanial aristocracy and an allodial peasantry which was somewhat numerous. The same coexistence may be found between a scattered domanial system, centered on the « curtis », and free soils consisting of « mas » and « capmas ». This public order collpases from the end of Xth century on. The authorities weakened as early as the reign of Raimond IIIrd ; the allodial peasantry sells his allods ; above all, some new actors, the « milites » are imposing violence from their haunts, i. E. Their castles (principally of the « roca » type). Public justice ius no longer accting, contractual formulae are no longer respected and vanish ; heavenly wrath is invokerd, not « lex ». The society of Rouergue in the Xith and XIIth centuries is fully feudalized. Rule of a knightly class, the « militia » allowing an early as well as mutual integration between the « seniores » and their « submilitones » ; subjection of all the peasants, reduced to the condition of tenants, with emergence of true villains, the gibven men or « natrural men » ; redistribution of the lordship benefits (« seinn,oria ») through feudal relations ; rise of a feudal staff (« feusal » and éfevaters »). The old Roman ideas – public order, private property, written law – are superseded by new categories : allod, fief and « vicaria ». Exemplarily, the Rouegue confirms in this way the concept of « feudal mutation ».
Abstract FR:
Cette thèse entend préciser les modalités du passage de la société carolingienne à la société féodale. La question n'a guère été abordée en Rouergue, alors même qu'il constitue un cadre pertinent, relativement vaste, doté d'une documentation riche et diversifiée -plus de 2500 chartes antérieures à 1200, de remarquables textes hagiographiques et littéraires (Miracles de sainte Foy et Chanson de sainte Foy). Cette documentation permet d'éprouver la validité du modèle « mutationniste » remis en cause depuis une dizaine d'années. Les limites chronologiques retenues (de 801 à 1214) induisent un plan tripartite : une analyse de la société carolingienne; la crise de l'an mil ; les structures féodales. Le Rouergue carolingien se définissait comme un « pagus « ; les comtes de Toulouse-Rouergue y assuraient le respect d'un ordre public reposant sur la loi romaine. Ce légalisme permettait la coexistence d'une aristocratie domaniale et d'une paysannerie alleutière assez nombreuse. Même coexistence entre un système domanial dispersé, centré sur la « curtis » et des terroirs libres composés de mas et de capmas. Cet ordre public est mis à mal dès la fin du Xe siècle. Les autorités faiblissent dès le règne de Raimond III ; les petits alleutiers vendent leurs alleux ; surtout de nouveaux venus, les « milites », font régner la violence à partir de leurs reoaires, les forteresses (principalement des roques). La justice publique ne fonctionne plus, les formules contractuelles se délitent et disparaissent ; on n'invoque plus la « lex » mais la colère divine. La société rouergate des XIe et XIIe siècles est pleinement féodale. Domination d'une classe chevaleresque, la « militia » permettant l'intégration précoce et reciproque des « seniors » et de leurs « submilitones » ; sujétion de l'ensemble des paysans réduits à la condition de tenanciers, avec apparition de véritables serfs, les hommes donnés ou « hommes naturels » ; redistribution des profits de la seigneurie (« seinnoria ») par le truchement des relations féodo-vassaliques ; affirmation d'un personnel féodal (« feusals » et « fevaters »). Les anciennes catégories romaines 'ordre public, propriété privée, droit écrit) sont oblitérées par de nouvelles catégories : l'alleu, le fief, la viguerie. L'exemple du Rouergue confirme la pertinence du concept de « mutation féodale ».